Algérie

Un certain regard. Cinémas d'Asie : un vent de folie



Un certain regard. Cinémas d'Asie : un vent de folie
Bangkok (Thaïlande)
De notre envoyé spécial Il y a  ici  et aussi sans aucun doute à  Hong Kong, Shanghai, Séoul, Tokyo, comme un vent de folie, un grand souffle de créativité, de nouvelles images. Phénomène étrange à  Bangkok : le cinéma euro-américain est bien présent sur les affiches, des produits commerciaux qui investissent gros sur le marketing, mais qui n'empêche pas toute une floraison de films d'Asie d'avoir aussi une bonne part du marché. Des œuvres inédites ou plus anciennes surgissent chaque jour sur les écrans et apportent aux cinéphiles des joies et des émotions. Par exemple, on a pu revoir, ici et par hasard, du talentueux et fantasque Wong Kar-Wai, un des ses chefs-d'œuvre tourné tout au début de sa carrière : Days of being wild. L'histoire se passe à  Hong Kong en 1960, et mêle un drôle d'assortiment de personnages : des petits escrocs, des femmes légères et fatales poursuivies par des amoureux transis. Et parmi eux, ce jeune Yuddy, intelligent, beau et cruel, qui erre, dans l'immense cité, sans racines et sans but. Il a une mère adoptive à  laquelle il est très attaché. Il recherche pourtant sa véritable mère qui vit à  Manille, aux Philippines... C'est une œuvre baignée par une exquise musique rock, obstinément envoûtante et souvent violente. Plus sage, Wong Kar-Wai fera cet autre chef-d'œuvre bien plus tard, In the mood for love... Wong Kar-Wai est le type même du cinéaste asiatique «cross-borders», transfrontières. Jeune, il quitte Shanghai, sa ville natale, pour Hong Kong (à l'époque anglaise) où il  y a fait la plupart de ses films en coproduction avec d'autres pays de la région. La même aventure est arrivée à  Peter Chan né à  Hong Kong, et qui a grandi à  Bangkok. Il  fait ses études à  Los Angeles pour retourner en Chine, à  Shanghai, dont il est, à  présent, l'un des prestigieux réalisateurs aux côtés de Chen Kaige et Zhang Yimou qui, eux aussi, tournent dans des conditions de coproduction. Si le cinéma d'Asie est si fort, si conquérant, c'est que les producteurs et les cinéastes ne se comportent pas en rivaux. Ils joignent partout leurs efforts et unissent leurs talents et leurs compétences dans tous les domaines (artistique, technique, marketing). C'est une alliance stratégique de stars, de cinéastes, de scénaristes, de financiers. Les studios de Chine vont tourner en Thaïlande. Ceux de la Corée du Sud à  Taïwan ou l'inverse. La Malaisie et Singapour ne tournent jamais séparément. Ce cinéma panasiatique constitue aujourd'hui une vague forte, impétueuse. Une production en solo n'a pas d'avenir. La coproduction, c'est la survie du cinéma dans la région. A Bangkok même, six studios dominent la production nationale et font, avec l'aide des pays voisins, environ 60 longs métrages par an. Ces derniers temps, on a vu à  Bangkok des investisseurs indépendants se précipiter sur le cinéma, lorsqu'un film thaïlandais Oncle Boonmée,  de A. Weerrasethakul, a décroché la Palme d'or à  Cannes en 2010. Le même phénomène se produit ailleurs, dès qu'un film asiatique gagne un prix à  Berlin, Venise ou Toronto : une nuée de banquiers déferle sur l'auteur. En Indonésie, un cinéaste, primé au Festival de Berlin avec son film Postcards from the zoo (la vie d'une jeune fille élevée dans le zoo de Djakarta ) est assuré d'en tourner d'autres... De même qu'au Cambodge, où Rithy Panh a réalisé Siiku, adapté du roman japonais de Kenzaburo Oe. Si Nagisha Oshima a mis dans son film, adapté du même roman, la Seconde Guerre mondiale (c'est l'histoire d'un soldat afro-américain tombé entre les mains de l'ennemi), Rithy Pan a préféré parler de la guerre au Vietnam et au Cambodge. Ces films et d'autres encore  (11 flowers du Chinois Wang Xiashhu, I Wish du Japonais Kirkazu Kore-eda) seront projetés à  Bangkok, après la fin du festival du film documentaire. La flamme du cinéma d'Asie n'est pas près de s'éteindre.

 


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