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Un certain regard : Asham, un OVNI Culture : les autres articles



Un certain regard : Asham, un OVNI Culture : les autres articles
La compétition de la 7e édition du FOFA ne pouvait mieux débuter avec Asham, un OVNI cinématographique par rapport au 7e au pays du Nil.Ce premier long métrage de Maggie M. Morgan s'avère un coup de maître. Il l'était à ce point qu'il a tout autant happé que désorienté les spectateurs habitués à une routinière et carrée convention cinématographique alignée sur le style du feuilleton télévision. Pour comprendre le bonheur et le désarroi du public, imaginez un film dont l'inspiration le rapproche par la thématique de la filmographie d'Ingmar Bergman pour ce qui est de la solitude des êtres et l'incommunicabilité comme scénaristiquement de celui de Woody Allen, qui aligne les destins croisés d'une multitude de personnages sans qu'aucun ait le rôle principal, tout cela situé non dans la marmoréenne ou raisonneuse société occidentale, mais en celle plutôt gouailleuse des bords du Nil à la façon de Chahine moins son côté démonstratif.
Mené sur le fil du rasoir, sa mise en scène est à peine perceptible, se déclinant en feutrés plans moyens et rapprochés, ceux d'un cinéma intimiste captant toutes les nuances d'expression dans les regards et les attitudes de ses personnages. Asham, le titre du film qui signifie espoir, est le nom d'un des personnages, chacun d'eux est emblématique d'une classe sociale, d'une génération ou d'une communauté religieuse, qui vivent à l'écart des fracas d'une douteuse révolution arabe. Ce sont autant de portraits d'êtres singuliers dans l'indifférenciée cohue du Caire. Ils vivent, se croisent sans se rencontrer, tout en portant les mêmes peines, les mêmes joies.
Ce sont des couples déjà formés, mais en crise ou en train de goûter aux premiers émois de celui qu'ils sont en train de constituer. Il y a Ibtissem, l'infirmière, amoureuse transie du médecin dont elle est l'assistante, Dalila, en goguette avec son amoureux qui s'apprête à émigrer en Malaisie, alors qu'elle a d'autres projets, Asham qui débarque de la campagne dans le même bus que la niaise Rida. Ils font connaissance durant le voyage pour emprunter à l'arrivée un chemin différent. C'est avec un agent de sécurité du centre commercial où elle a trouvé un emploi qu'elle va connaître une romance.
C'est cette femme qui oublie sa féminité pour un statut d'épouse effacée, réduite à materner un époux. Elle prendra symboliquement en main sa destinée, commençant enfin à s'épanouir pour elle-même, lorsqu'elle prend résolument en main le volant d'une voiture après avoir péniblement appris à conduire. Loin d'être un film compassé, Asham sait subtilement aérer par un subtil humour. Tourné en décor réel et produit dans un cadre indépendant, il est représentatif d'une nouvelle tendance en train de tourner la page des Chahine et de ses épigones.


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