Algérie

Un centre pour sauver les manuscrits des zaouias



Un centre pour sauver les manuscrits des zaouias
Lors de cette dernière journée, les conférenciers ont continué à évoquer ces nombreux Algériens qui, au fil des siècles, ont produit une pensée essentiellement d'ordre religieux. Elle avait rayonné au-delà des frontières nationales, même si ce dernier concept n'avait pas encore la signification qu'il a de nos jours. Il y a six ou sept siècles, on parlait davantage de Maghreb central pour notre pays et d'Ifriqiya pour la Tunisie. Ainsi, le professeur Abbas Kahoul de l'Université de Annaba a retracé le parcours du cheikh Ben Azzouz dont la zaouia Rahmania est très connue dans la région de Tolga. « La recherche dans notre pays rencontre beaucoup de problèmes. Nous n'avons pas les moyens et le temps de ces chercheurs de l'ancienne époque qui pouvaient vivre au milieu des populations qu'ils étudiaient et dont ils connaissaient souvent la langue », nous dira-t-il. Il citera le cas de Germaine Tillion qui avait sillonné les Aurès et légué une somme de connaissances inestimables sur cette région. Il évoquera certes le cheikh Sidi M'hamed Boukabrine qui fut le maître de cheikh Benazzouz. C'est le cas aussi de cet universitaire de Tamanrasset qui travaille beaucoup sur le courant d'échanges d'une profondeur historique entre le Touat et les pays du Sahel. « Certes, la création de l'Université africaine d'Adrar est une avancée mais à l'avenir, un système de bourses et des formules d'encouragement devraient permettre aux chercheurs algériens de faire un travail de terrain », estime Takhtoukh Mohamed Benadjem. De son côté, le professeur Boukrid de l'Université islamique de Constantine n'y est pas allé de main-morte. Il a passé dix ans à l'Université islamique de Niamey et regrette que l'Algérie soit absente. « Elle ne possède pas d'écoles, de centres et d'associations comme c'est le cas de l'Iran qui a même un hôpital, de la Libye et de pays du Golfe qui ont moins d'affinités historiques que nous avec le Sahel », souligne-t-il.Problématiques éludéesAu-delà de la série de conférences qui se sont prolongées, jeudi dernier, avec une autre sur la zaouia Alaouia de Mostaganem, les circonstances de sa naissance, ses méthodes d'enseignement, le colloque a mis le doigt sur des problématiques essentielles. Elles furent pourtant rarement abordées tant la plupart des intervenants se sont limités à une présentation d'itinéraires. Ce fut le cas notamment de la communication du professeur Belhadj Nacer de l'Université d'El Oued autour d'une figure du M'zab, Abi Ishaq Tfayéche. Ses principales activités de publiciste en Egypte au début et au milieu du siècle dernier furent exhumées la veille. Mais quel impact ont les zaouias à l'ère des nouvelles technologies qui redessinent les frontières ' Quelles conséquences à la perte de leurs attributs en matière de justice, de solidarité et d'instruction ' Quelles perspectives pour la renaissance musulmane à l'ère des conflits qui déchirent beaucoup d'Etats et de la résurgence des schismes ' Les temps ont grandement changé, le savoir n'est plus affaire de compilation. Le colloque, qui n'a pas manqué d'intérêt, a hélas éludé ces questionnements. Toutefois, la dernière intervention de Fawzi Masmoudi, directeur du musée de la Wilaya VI, a valu par sa relation directe avec des préoccupations actuelles. Il a parlé du trésor des manuscrits dans la région que détiennent les zaouias, quelques mosquées et personnes. Il a plaidé pour un classement et une numérisation urgente. Dans la zaouia El Othmania de Tolga, 1.500 manuscrits, dont les plus anciens remontent au IVe siècle de l'hégire, sont en voie de l'être, nous dit un responsable. « Nous allons mettre bientôt toute cette masse de documents au profit des chercheurs », a-t-il expliqué lors d'une visite des lieux. Selon Masmoudi, beaucoup de documents ont disparu notamment lors des inondations de 1969 qui ont touché la région des Ziban. Faute d'entretien et à cause des négligences, d'autres ont disparu comme ceux de la zaouia El Mokhtaria d'Ouled Djellal. « De la richesse entreposée dans la zaouia de Lichana, seuls quarante documents ont pu être sauvés », a-t-il indiqué. Toutefois, un centre destiné à archiver tous les manuscrits éparpillés et menacés est en voie de construction à Biskra. « L'Etat devra acheter à leur juste prix ces documents », a conclu l'intervenant. Ce souci de valoriser et de sauver cette richesse, l'ouverture d'un hôtel à Sidi Okba et d'un concours autour de la personnalité qui fait la renommée de cette localité cernée de palmeraies furent parmi les principales recommandations du colloque.




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