Le problème de la violence conjugale, qui sévit en Algérie, n'épargne aucune catégorie sociale ou professionnelle.Les acteurs de la prise en charge des femmes en difficulté ont proposé, jeudi à Oran, la création d'un centre d'hébergement temporaire pour les femmes victimes de violence, notamment conjugale. Les femmes battues, violées, outragées, harcelées et humiliées par leurs maris, frères, pères et par des étrangers, partout à la maison, dans la rue, au bureau, ne savent plus quoi faire et où aller. Certes, elles se retrouvent dans la rue face à des multiples dangers, sachant que plus de 50% des agressions déclarées sont survenues à domicile, selon les dernières estimations. En effet, c'est un pas pour faire reculer localement la violence à l'égard des femmes au moment où les moyens mis en oeuvre, en Algérie, restent insuffisants pour mettre un terme à ce fléau qui prend de l'ampleur et devient incontrôlable. Ainsi, ce centre d'hébergement spécialisé permettrait la mise à l'abri des concernées le temps que passe, voire disparaisse la violence exercée à leur encontre ou qu'elles puissent s'autonomiser pour se prendre en charge, ont bien expliqué ces auteurs de la prise en charge des femmes qui vivent la violence sous toutes ses formes. Cela lors d'une manifestation portes ouvertes sur un centre d'écoute psychologique local, organisée par l'Association locale des Femmes algériennes revendiquant leurs droits (Fard) à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la femme. Ainsi, ce centre vise à consolider les mesures d'accompagnement déjà mises en oeuvre par les partenaires institutionnels et associatifs. Pour leur part, les responsables de la cellule d'écoute du Réseau national des centres d'écoute des femmes victimes de violence, Balsam, ont déclaré avoir accueilli 114 femmes âgées entre 18 et 66 ans depuis sa création en octobre 2009. Parmi ces cas, 11 ont été traités depuis le début de l'année en cours contre 33 en 2011 et 28 en 2010. Notons que le réseau Balsam compte 13 centres d'écoute: 4 centres à Alger, 2 centres à Oran, 2 centres à Constantine, 2 centres à Tizi Ouzou, 2 centres à Annaba et 1 centre à Tébessa.
De même, selon cette cellule d'écoute, le problème de la violence conjugale, qui sévit en Algérie, n'épargne aucune catégorie sociale ou professionnelle. Ce phénomène domine avec 80% des cas traités, suivi d'autres préoccupations d'ordre socio-économique et juridique. En plus du soutien psychologique, sollicité avant le recours à la justice par les concernées, les personnes en détresse bénéficient également d'une orientation en matière juridique prodiguée par des avocats bénévoles. Néanmoins, même si grâce à ces centres d'écoute psychologique, quelques femmes victimes ont pu sortir de leur silence en commençant à raconter les injustices dont elles sont victimes, cela reste insuffisant. Il n'échappe à personne que la peur, l'analphabétisme et les coutumes font que la plupart des cas de violence passent sous silence, notamment lorsque la violence est subie dans le milieu familial où elle est souvent étouffée et la victime ne peut faire valoir ses droits ni en parler. Ainsi, il est difficile de recenser tous les cas, notamment non déclarés.
Ce fait évidemment, encourage cette violence et lui donne en quelque sorte une certaine légitimité. La création de centres d'hébergement destinés aux femmes victimes de violence est certainement d'une importance capitale tant il offrirait l'abri à ces femmes en détresse. De plus, il leur offrirait un climat de confiance pour les aider à s'extérioriser et mettre à nu leurs blessures profondes afin de diminuer ce phénomène qui sévit en Algérie.
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Posté Le : 03/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Wafia ADOUANE
Source : www.lexpressiondz.com