Algérie

«Un centre international de rencontres à Annaba, pourquoi pas '»



«Un centre international de rencontres à Annaba, pourquoi pas '»
Le manuscrit du célèbre Appel pour une trêve civile en Algérie d'Albert Camus, prononcé à Alger le 22 janvier 1956, a été vendu, mardi dernier, 94 800 euros lors d'une vente aux enchères organisée à Paris, par la maison de ventes Artcurial. Lors de la même vente, trois lettres de Camus adressées à Evelyne Sintès, datées de février à septembre 1956 (estimées entre 10 000 et 12 000 euros), ont été adjugées à 20 800 euros.-Que pensez-vous de la vente aux enchères d'un manuscrit important d'Albert Camus 'Cela m'a ému. Oui, indiscutablement, et cela m'a fait mal que l'on donne une valeur financière de Camus. Cela ressemble tellement peu à Camus que je suis choqué. Il y a aussi le risque qu'un tel texte manuscrit tombe entre les mains de spéculateurs. Je n'ose même pas l'imaginer. En tout cas, il faut qu'il tombe entre de bonnes mains, qu'il puisse être vu par des chercheurs, qu'il ne se retrouve pas empilé chez un particulier?-Concernant Annaba, votre ville natale, où votre père André a été maire jusqu'en 1958, l'événement de ces dernières semaines a été le centenaire de la basilique Saint-Augustin, avec pour la première fois la venue d'un ministre du Vatican, le cardinal Tauran. Qu'en pensez-vous 'C'est une première, effectivement, et c'est un événement. Cette cérémonie est une bonne chose. C'est un moment qui rapproche les populations et c'est très bon, d'autant qu'il ne faut pas oublier la valeur de la basilique elle-même, qui est très belle et qui rappelle Saint-Augustin, un personnage important de l'Afrique du Nord, sans doute un des plus grands esprits que l'humanité ait porté. Un philosophe d'un niveau extrêmement élevé qui intéresse tout un chacun, quelle que soit sa religion. Cela ne peut être que fierté pour l'Algérie que Saint-Augustin soit un de ses enfants. Il faudrait qu'un effort soit fait pour le site archéologique qui, malheureusement, est en très mauvais état. C'est dommage !Quand on sait la place qui a été celle d'Hippone dans l'Antiquité, la ville la plus importante d'Afrique du Nord avec Carthage. Et puis, je pense qu'il y a la personnalité de Camus, natif de Mondovi (Dréan), à proximité de Saint-Augustin, par-delà les siècles, bien sûr. Il y aurait beaucoup à tirer de cette proximité. Enfin, n'oublions pas qu'il y a eu à Hippone une académie brillante, la deuxième d'Afrique après celle d'Alexandrie. Ce patrimoine est exceptionnel et je rêve que se crée un centre international de rencontres à Annaba dans les domaines de la littérature, de la philosophie et de l'archéologie.-Justement, vous avez fait le premier pas avec la visite en Algérie de l'Académie des sciences d'outre-mer. Quels seront les fruits qui vont en naître 'Notre voyage est parti de Annaba et donc d'Hippone. Notre déplacement a été intéressant dans l'ensemble des sites historiques de l'Est algérien, puis Alger. Ce fut une exceptionnelle occasion de rencontres entre les académiciens et les universitaires algériens. Il en est sorti un accord de coopération entre l'académie et l'université de Annaba. Pour l'académie que je préside, c'est la première fois qu'elle s'engage dans ce type de coopération. Nous travaillons actuellement pour insuffler le débat et permettre, je l'espère, la création de ce centre international que j'appelle de tous mes v?ux.-Y a-t-il des échéances à court terme 'C'est en cours. On peut penser qu'en 2015 les choses seront bien avancées. L'académie s'intéresse beaucoup à l'Algérie. Nous avons organisé à Paris un colloque sur la littérature algérienne de 1830 à nos jours, et un autre sur les occasions manquées.-Comment voyez-vous les turbulences qui agitent depuis 2011 les pays du Nord de l'Afrique et du Sahel 'Nous sommes dans un ensemble qui est devenu fragile, car il s'agit d'une zone que l'on veut déstabiliser et c'est grave pour tout le monde.-Vous rentrez d'un voyage au Maroc et en Maurétanie ; avez-vous ressenti cette inquiétude 'Oui, il y a une inquiétude et c'est pour cela qu'il faut inlassablement travailler à lancer des ponts. On n'en jettera jamais assez. Le Forum méditerranéen de la culture, par exemple, que j'avais ardemment souhaité, existe maintenant. Il a été créé depuis Rome. Il réunira les plus grands esprits du pourtour méditerranéen, avec pour objectif de mettre en évidence tout ce qui rapproche. On a trop tendance à parler de ce qui divise.




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