Algérie

Un candidat malheureux de la diversité accuse la direction du PS «On nous a envoyés à l'abattoir»


Défait par les urnes et déstabilisé par les querelles de personnes, le Parti socialiste français (PS) n'en finit plus avec les temps de discorde. Curieusement, plus le souvenir du double échec électoral s'éloigne et plus la polémique enfle. L'inventaire des sujets propices à la polémique s'est alourdi d'un nouveau point : l'échec des candidats de la «diversité» aux législatives. Sans que l'appareil socialiste ne s'y attendait, l'un des défaits, Malik Boutih, a fait brutalement irruption dans le débat en cours. Avec, sur la langue, un réquisitoire d'une rare violence contre la direction du PS. Alors que d'aucuns le pensaient «éclipsé», le temps de digérer sa cinglante défaite, le candidat malheureux a préféré reporter à plus tard ses vacances d'apaisement. Il s'est gardé de partir avant d'avoir réglé ses comptes avec la direction. Une multitude de flèches acerbes tirées non au bureau national dont il est membre depuis 2006, mais à partir des colonnes du Monde.  «Parachuté», selon ses adversaires, dans une circonscription de Charente (sud-ouest), l'ancien président de «SOS-Racisme» a été laminé au premier tour. Relativement plus heureux, nombre de la quinzaine de candidats présentés sous la bannière socialiste ont franchi le second tour, mais sans parvenir à arracher le ticket d'entrée à l'Assemblée nationale.  De colloques en débats militants, le PS s'est livré, pendant deux ans, à une campagne de séduction en direction de la classe politique hexagonale et des banlieues. Profitant des émeutes banlieusardes de l'automne 2005, il s'est présenté comme le meilleur porte-voix et porte-drapeau de la diversité et des français issus de l'immigration.  Mieux, face à une opinion plutôt sceptique, il n'a eu de cesse d'assurer qu'il était en voie de se «labelliser» comme le premier parti de France à faire entrer des Français de couleur dans l'hémicycle du Palais Bourbon. Au final, il n'y eut qu'une seule, George Pau Langevin, une avocate d'origine antillaise, candidate dans le 20e arrondissement parisien. Une citadelle tellement socialiste qu'elle était quasi-assurée de la victoire. Partout ailleurs, l'aventure électorale sous le sceau de la diversité a pris des allures de catastrophe. Sans contester le verdict de l'urne et l'implacable jeu de la démocratie, Malik Boutih donne une explication qui va bien au-delà de l'immédiateté. «Tous les candidats de la diversité ont été envoyés à l'abattoir», accuse-t-il.  Pour l'ancien «pote», entré au bureau national du PS grâce au soutien du député «royaliste» Julien Dray et à l'onction de Ségolène Royal, la déroute de la «diversité électorale» tient à une raison plus profonde. La question de la participation politique des Français originaires de l'immigration «n'est pas pensée au PS», dit-il en guise d'argument. «Il n'y a jamais eu de débat politique sur la diversité. Il s'agit à chaque fois de passer entre les gouttes, d'avoir quelques candidats sans déséquilibrer des enjeux de courants», charge-t-il. Et le candidat malheureux d'accuser «des» dirigeants socialistes, dont le premier secrétaire François Hollande, de former «un cénacle qui n'aime pas la société telle qu'elle est, qui ne s'y projette pas et qui garde la mélancolie des années 1970". Sitôt entré à Solferino, le siège national du PS, Malek Boutih avait préparé, à la demande du bureau national, un rapport sur l'immigration. Un document controversé qui lui a valu, au demeurant, des critiques acerbes dans les rangs même de la diversité. Certains, à l'image de Mouloud Aounit, la figure de proue du MRAP, sont allés jusqu'à lui reprocher d'y avoir consigné quelques idées qui n'ont rien à envier à celles du... Front national.  Selon l'ex-»pote», François Hollande, destinataire du rapport, lui avait demandé de «le cacher» et de prier la famille socialiste «pour qu'on n'en parle pas». En dépit de ces instructions, le document est parvenu à émerger, mais le secrétaire national «s'est empressé d'éteindre tout débat de fond en obtenant, il faut bien le dire, un certain consensus» socialiste sur la question de la diversité.  Avouant avoir subi une double défaite - électorale et morale -, Malek Boutih clame tout haut ce que nombre de socialistes murmurent du bout des lèvres. «Comme des milliers de militants de gauche, ça me fait tout drôle de voir la droite nous donner des leçons sur ce terrain», dit-il dépité dans une allusion aux nominations de personnalités colorées au gouvernement.  Sur ce terrain, le retard de la gauche est tel que le statu quo n'est plus tenable. Nicolas Sarkozy a pris de l'avance. «Pour le dépasser, il faut faire plus sur le fond, et plus sur la forme», estime l'ancien président de «SOS-racisme». Qui suggère d'ores et déjà une première piste : «en 2008, le PS devrait présenter un candidat de la diversité comme tête de liste aux élections municipales, dans une grande ville».
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