Algérie

Un budget maison


Un budget maison
Le ministre des Finances affine ses interventions. La situation n'est pas bonne mais elle n'est pas mauvaise non plus. Il s'agit pour celui qui est chargé d'exécuter le budget de l'Algérie d'essayer de trouver la bonne formule dans son discours. Il souhaite expliquer aux Algériens qui ne produisent pas grand-chose mis à part les hydrocarbures, qu'à force de manger du pain blanc on risque de manger du pain noir.
Les différents acteurs syndicaux, hors Ugta, ont repris le chemin des grèves. Ils ont obtenu beaucoup d'argent mais en veulent plus. Cette situation qui bloque les secteurs de la santé et de l'éducation pousse le ministre technocrate à adopter un discours populaire à la limite du populisme. Il expliquera à la représentation nationale que la gestion du budget de l'Etat c'est comme celle d'un ménage. Si nous donnons tous les revenus en argent de poche à nos enfants, il faudra bien emprunter pour payer les charges, loyers et biens alimentaires. Et ensuite, il faudra rembourser les crédits et payer les intérêts y afférant. Le risque est là !
Peu chanceux notre ministre des Finances qui doit expliquer à des gens censés être sensés que la dépense publique n'est pas un jeu. L'image du pays est écornée par le peu de résultats obtenus avec un tel niveau de dépenses, auxquelles s'ajoutent les différentes affaires de corruption. Karim Djoudi n'a pas encore osé dire que nous sommes un pays pauvre avec de très larges franges de la population qui vit au dessus des moyens de l'Etat. Il n'ose pas le dire parce que ses confrères docteurs en économie continuent de confondre réserves de change et épargne budgétaire. Faisant croire ainsi aux citoyens que l'Etat a un bas de laine de 200 milliards de dollars.
C'est cette assertion que Karim Djoudi et les élites économiques du pays doivent d'abord démentir. Ils doivent expliquer que les réserves de change ne sont qu'un indicateur macroéconomique. Comme pour les extraterrestres, en économie «la vérité est ailleurs». Il s'agit du taux de croissance du PIB, de la distribution des richesses, de la pression fiscale, de l'équilibre de la balance des paiements, etc'
En réalité, le budget de l'Etat n'est pas comme celui des ménages. La gestion du budget de l'Etat est plus proche de la gestion d'une banque. Il doit permettre aux clients de s'enrichir tout en permettant aux actionnaires de toucher des dividendes. Le gouvernement doit donc permettre aux entreprises et aux citoyens de s'enrichir mais doit tout faire pour que l'Etat ne soit pas mis en faillite. Les exemples des pays membres de la zone euro sont là à titre de rappel. Autrement, il suffit de se remémorer la politique menée durant les années 1980 et ses conséquences sur la décennie 1990. Les leçons de l'histoire sont toujours bonnes.
A. E.
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