Algérie

Un brillant météore



Un brillant météore
Le seul cinéaste algérien oscarisé s'est retiré de l'existence...Bien étrange est parfois la vie, bien triste aussi. On ne peut que ressentir de l'émotion, doublée de perplexité, à l'annonce du décès de Malik Bendjelloul à l'âge de 36 ans, au moment où sa réputation avait pris une dimension internationale, au point que la nouvelle a parcouru les allées du Festival de Cannes. Il y a eu, mardi dernier, ce communiqué de la police suédoise annonçant son décès sans en préciser la cause, avant que son frère aîné, Johar Bendjelloul, grand reporter à la télévision, n'annonce au journal Aftonbladet que Malik s'était suicidé.Il ajoutait : «La vie n'est pas toujours simple. Je ne sais pas quoi faire», exprimant avec une simplicité désarmante à la fois la complexité d'une telle situation et la douleur de la famille. Malik Bendjelloul est né en 1977 à Ystad, petite ville du sud de la Suède, d'un père algérien, originaire de Constantine et radiologue, et d'une mère suédoise, artiste et traductrice de bandes dessinées. Très tôt, ses dispositions à l'art l'amenèrent à interpréter des rôles d'enfant et d'adolescent. Mais sa véritable passion du cinéma penchait vers la réalisation. Il poursuit alors des études d'audiovisuel et, à leur issue, il réalise jusqu'en 2006 pour la télévision suédoise des documentaires sur la musique, autre passion qu'il cultivait. C'est d'ailleurs à la jonction de ces deux expressions qu'il trouvera la voie de son magnifique accomplissement artistique.Lors d'un voyage en Afrique du Sud, il apprend l'existence d'un musicien américain d'origine mexicaine, Sixto Diaz Rodriguez, né dans le Michigan et auteur-compositeur et interprète de rock et de folk. Il a connu le succès dans les seventies avant de sombrer dans l'oubli et de se retrouver ramené à la condition de son père émigré, exerçant des métiers manuels. Et cet artiste ignore alors qu'en Afrique du Sud sa réputation s'est non seulement maintenue mais a atteint des sommets. Sixto y est devenu un phénomène de société, accompagnant la montée de l'anti-apartheid chez les classes moyennes blanches.En 1998, deux Afrikaners mélomanes le retrouvent et lui organisent des concerts en Afrique du Sud. Malik Bendjelloul, séduit par l'histoire décide d'en faire un film documentaire. Ce sera Sugar Man (2012) qui obtient le seul Oscar jamais obtenu par un réalisateur algérien, celui du documentaire. Quel talent lui a-t-il fallu pour convaincre les producteurs de confier à un jeune inconnu un million de dollars ! Quel talent aussi pour réaliser une ?uvre étonnante, émouvante, instructive en gagnant d'abord la confiance de son sujet puis les votes de l'Award Academy !Lors de la remise de l'Oscar, Malik avait invité Sixto à partager ce moment, mais le musicien n'avait pas voulu faire de l'ombre au jeune réalisateur. Lui fera-t-il une chanson désormais ' En tout cas, en Algérie, où il venait parfois séjourner dans sa famille, où son film a été montré au Festival du film engagé (2013), son aura marquera, même tardivement, les esprits. Adieu, Malik, brillant météore de l'art et de la vie. Au nom de la rédaction d'El Watan comme à celui des Algériens, nos condoléances aux siens.




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