Algérie

Un bon début...



Un bon début...
«Nous sommes devenus, aujourd'hui, des êtres humains...». «Ça aurait dû être fait le lendemain de l'indépendance, en 1963 déjà. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire...». «C'est une bonne nouvelle, la meilleure...». Ce ne sont là que quelques commentaires d'artistes commentant le décret relatif à leur couverture par la Sécurité sociale dont l'entrée en vigueur est promise pour la fin du mois de janvier.Même si la rétroactivité n'est accordée pour les créateurs encore en exercice, ce décret est, indéniablement, le geste attendu depuis des lustres par les artistes que l'Etat vient de faire. Mieux, par la voix de ses représentants, les ministres de la Culture et du Travail, l'Etat reconnait l'oubli coupable qu'il a commis à l'adresse des artistes. Ce décret «vient mettre un terme à une situation d'absence de prise en charge des artistes et auteurs indépendants» qui devrait réparer «une faute commise par l'Etat à l'encontre des artistes», lesquels sont, pourtant, «la véritable richesse du pays» et ses «meilleursreprésentants», dira le ministre du Travail.Mieux, l'Etat poussera sa reconnaissance en intégrant les artistes ayant atteint l'âge de la retraite sans avoir cotisé, parce qu'ils ne pouvaient pas, ils n'hésitaient pas. Des dispositions particulières leur ouvrant droit à une pension de retraite devront bientôt être mises en place par le ministère du Travail qui planche sur des solutions de rachat des droits au profit de ces artistes oubliés par l'Etat depuis que l'Algérie est devenue un pays libre et indépendant. Car, durant la guerre de libération, on avait pensé aux artistes. On les a même intégrés dans la lutte pour l'indépendance. La troupe artistique du FLN a grandement contribué à la médiatisation du combat des Algériens en allant le porter sur les scènes du monde entier. A l'intérieur, d'autres artistes menaient le combat de l'éveil des consciences. Après 1962, ils serontnombreux, pour ne pas dire la majorité, à se retrouver dans le rôle du double blanc dans un jeu de dominos arrivé à son terme.Aujourd'hui, on peut dire que l'oubli est réparé, mais en partie seulement. Car, ce décret n'est pas une fin en soi. Au-delà du retard mis pour son avènement, cette loi ne règle pas tous les problèmes. L'artiste peut désormais cotiser et bénéficier de la sécurité sociale. Mais faudra-t-il encore qu'il ait de quoi payer. Autrement dit, il doit pouvoir travailler, et pas de manière intermittente (ça nous rappelle la grève des intermittents du spectacle en France qui justement dénonçaient leur situationincertaine). Or, un artiste ne peut travailler et gagner de l'argent que lorsque la culture est omniprésente, valorisée et, surtout, largement consommée. C'est sans doute le grand chantier auquel on ne s'est pas encore attaqué. La socialisation de la culture et l'organisation des marchés des arts sont le défi de l'heure.H. G.




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