Le désormais ex-wali d'Oran promu ministre de la Santé. L'information en a surpris plus d'un, mais les avis restent partagés entre soulagement et déception.Soulagement pour ceux qui ont subi les pressions et le rythme qu'il leur imposait pour montrer qu'il travaille ; déception pour ceux qui voyaient en lui un gestionnaire capable, tel qu'il n'a cessé de le marteler, de faire d'Oran une métropole digne de ce nom. Mais avant tout, on a tendance à oublier que l'actuel ministre de la Santé n'est au final qu'un exécutant. Sur le plan de la communication, il a effectivement réussi à s'entourer d'une équipe de journalistes qui ont accompagné sa démarche, mais n'a jamais, il faut le reconnaître, fermé la porte à ceux qui ont critiqué la vision qu'il prônait ou les moyens d'y arriver. «Comment faire le bilan d'un wali qui n'est là que pour garder la maison '», s'érige Firas Ferhat, membre fondateur de l'ANR, actuellement parmi les animateurs du Comité d'initiative et de vigilance citoyenne (Civic).
Pour lui, Abdelmalek Boudiaf, comme tous les autres walis, a empiété largement sur les prérogatives des élus à qui revient normalement la charge de gérer la vile : urbanisme, salubrité publique, gestion des parcs et des marchés, etc. «Ce n'est pas le wali qui doit être mis en cause, mais toute la politique des collectivités locales. Son idée est que l'Etat n'a pas respecté la division des tâches, laissant les walis devenir des espèces de gouverneurs sans électeurs.» «Le wali fait partie d'un système qui ne veut pas partager les compétences», tranche-t-il en conclusion. Une manière de dire que la vision prônée pour Oran n'émane pas d'une dynamique intrinsèque mais d'une décision politique, et que le wali n'est là que pour l'exécuter. Il a bien ou mal rempli cette mission, le problème n'est pas là. L'usine Renault, le tramway, le métro, etc., sont des projets décidés au niveau central et des moyens colossaux ont été débloqués.
Par certains côtés, ce programme dit de «métropolisation» d'Oran semble pencher vers le souci du paraître plutôt que du bien-être des administrés qui ont besoin de solutions urgentes à leurs soucis quotidiens : logement, transport, éclairage public, sécurité, etc. En parallèle, il y a eu beaucoup d'effets d'annonce pour des projets qui n'ont finalement pas (ou pas encore) été réalisés. C'est ce que retient un journaliste amateur intervenant sur le web, qui a entrepris de filmer les sites concernés : la route de Kristel, le port de pêche et de plaisance, etc. «Pour moi le passage de Abdelmalek Boudiaf est plus que positif», indique par contre Omar, un promoteur immobilier initiateur d'un projet entièrement privé pour signifier qu'il n'a aucun intérêt avec l'administration (accès aux marchés publics).
«Pour moi, il a valorisé la PME algérienne et a poussé les notables de la ville à s'impliquer dans le développement tout en les mettant face à leurs responsabilités en termes de respect des réglementations, des délais, etc.», ajoute-t-il pour ensuite mettre en avant l'idée que c'est le premier a avoir élaboré une stratégie de développement et osé prendre des initiatives, quitte à se mettre à dos des notables réputés par le passé avoir de l'influence sur la place ou des citoyens mécontents, comme lors de démolitions de constructions illicites.
Briefings hebdomadaires, suivi de chantiers presque quotidien, il a imprimé un rythme infernal à ses subordonnés ou directeurs exécutifs et même aux élus locaux. «Il a un sale caractère, mais c'est un bosseur et un meneur d'hommes», dit de lui Henni Merouane, avocat de profession, qui a été au milieu des années 1990 l'un des rares DEC (délégué exécutif communal) à avoir démissionné en signe de protestation aux injonctions de la wilaya de l'époque. Au final, il n'aura laissé personne indifférent, même si les avis exprimés sont souvent motivés par les considérations politiques du moment.
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Posté Le : 19/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Djamel Benachour
Source : www.elwatan.com