Algérie

Un bébé enterré à l'insu de ses parents


On lui a annoncé que le corps sans vie du nourrisson qu'elle cherchait a été remis à un homme vêtu d'un habit traditionnel pour l'enterrer, et ce, à défaut de morgue.Née au mois de juin dernier, Jenna Tati ne savait, certainement, pas que sa vie extra-utérine allait s'achever si vite. Un mois après sa mise au monde, elle est décédée dans des circonstances dramatiques qui ont bouleversé non seulement ses inconsolables parents, mais aussi toute la population de l'Ahaggar.
Jenna a été admise au centre de maternité de la wilaya de Tamanrasset pour des complications pulmonaires, nous raconte tristement sa génitrice, Fadhimata, qui a eu droit à un dernier contact avec son premier enfant lors de la séance d'allaitement avant de s'en séparer de force sur instruction de la direction du centre. Au bout de quatre heures, Fadhimata revient pour s'enquérir de l'état de santé de son bébé. À sa grande surprise, on lui annonce froidement le décès de sa fille.
Effondrée, la jeune maman, qui s'était préparée à tous les scénarios sauf à celui-là, se précipite vers la chambre de Jenna. Et là encore, on lui annonce que "le corps sans vie du nourrisson qu'elle cherchait a été remis à un homme vêtu d'un habit traditionnel pour l'enterrer, et ce, à défaut de morgue. La femme de cet homme aurait accouché d'un garçon mort-né. Je ne comprends pas comment on s'est trompé de corps, alors que c'étaient des bébés de sexe différent", s'exclame la jeune femme, qui dit avoir attendu toute la journée pour avoir le corps de son bébé.
En vain. "On m'a dit qu'une erreur s'était produite et que la dépouille avait été remise à un autre homme qu'on a dû prendre pour le père. Laissez-moi vous dire que ce genre d'incident est possible et qu'il peut arriver dans n'importe quel établissement hospitalier. Mais le plus grave est de savoir que les procédures administratives liées à la remise de la dépouille et à l'autorisation d'inhumation n'ont pas été respectées", dénonce Fadhimata, affirmant avoir saisi l'instance judiciaire compétente pour obtenir une autorisation d'exhumation avant de déposer plainte auprès de la 2e sûreté urbaine contre la direction de la maternité en question. L'affaire de Jenna, dont la disparition n'est toujours pas confirmée, est toujours pendante dans les couloirs de la justice locale, se lamente notre interlocutrice qui a fait part d'une pétition signée par plus de 200 personnes ayant contesté vivement "les conditions d'accueil et de gestion de cette structure qui manque de moyens humains et matériels". Rappelons qu'une lettre de doléances, où ont été énumérées toutes les anomalies signalées dans ce centre appelé à devenir un pôle mère-enfant, a été adressée, récemment, au premier magistrat de la wilaya de Tamanrasset, Djilali Doumi.
Les rédacteurs de ce document, dont nous détenons une copie, ont dénoncé les conditions d'hospitalisation, la réglementation liée aux visites des malades et l'instruction imposant aux parturientes de se séparer de leurs nouveau-nés. "Ce qui se passe à l'intérieur de cette maternité s'apparente à un véritable scandale. C'est un exemple vivant de maltraitance et d'environnement inhumain. Ce que j'ai subi, je ne peux le souhaiter même à mes pires ennemis. Je veux que les choses s'améliorent et que l'incident de ma fille Jenna soit une occasion pour se rattraper et réparer les bourdes accumulées dans ce centre", a conclu Fadhimata en gardant toujours l'image de la joie éphémère qu'elle a vécue avec son tout premier enfant. Pour plus de détails sur l'affaire, nous avons essayé de joindre le directeur local de la santé et de la population, toutefois toutes nos tentatives se sont soldées par un échec.
RABAH KARECHE
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