Algérie

Un bateau qui coule... FESTIVAL D'ORAN DU FILM ARABE 2012



Un bateau qui coule...                                    FESTIVAL D'ORAN DU FILM ARABE 2012
Etrennée le 15 décembre dernier et clôturée hier, il est important de revenir sur cette semaine cahoteuse, avant de connaître et dévoiler le palmarès.
Disons-le franchement, le réputé et prestigieux événement cinématographique de la ville de Zabana a beaucoup perdu de sa superbe et de ses galons, cette année. S'il existait un guide Michelin pour le cinéma, le Fofa 2012 perdrait sûrement des étoiles. Pis encore, il perdrait même son statut de festival, tant les couacs cette année semblent légion. Disons-le franchement, là encore, le Fofa cette année, s'apparente plus à des Journées du film arabe qu'à un festival proprement parlé tant sa dégradation a atteint le seuil de l'intolérable en revêtant une dissonance allant crescendo. Même les Journées du film engagé d'Alger, étrennées cette année dans leur seconde édition, ont pu faire mieux. Honteux pour un festival censé atteindre sa vitesse de croisière. Comme dirait un critique, «en six ans ma fille a appris à parler». Une phrase éloquente, lourde de sens, qui pourrait faire écho au nihilisme vers lequel tend aujourd'hui ce festival censé se hisser au rang avéré des professionnels du cinéma. Force est de constater, avec consternation cette année, le nombre de couacs incalculables qui ont émaillé ce festival qui se réduit, année après année en peau de chagrin. Si la programmation laisse à désirer, trois ou quatre des films de long métrage à peine parviennent à tirer leur épingle du jeu, (Sortir au jour de l'Egyptienne Hala Lotfi, Lema Shouftek de Anne-Marie Jacir, Shooq de Khaled El Hagar et Tanourat Maxi du Libanais Joe Bou Eid et peut-être le syrien Mon dernier ami de Joud Saïd), le reste brille par sa piètre qualité cinématographique. Sujet rarement traité au cinéma, Tora Bora du réalisateur kowetien Walid Al-awadhi est un film qui aurait pu sans doute se hisser au rang d'un chef-d'oeuvre. Hélas, la sauce n'a pas pris.
L'histoire abracadabrantesque est celle de la famille de Tarek qui part à la recherche de son fils, disparu en Afghanistan, avant de découvrir qu'il a été enrôlé dans les rangs des taliban pour servir de jihadiste. Ce dernier, hésitant, n'est pas entièrement «conquis» par leurs «méthodes». Son test de passage échoue. Il crie au visage du chef de l'armée:
«C'est cela le jihad, partir pour tuer des enfants dans une école'» Lors de son périple, la famille de Tarek, qui tente de traverser les frontières pour atteindre Tora Bora, découvre la tyrannie des taliban et les sévices d'Al Qaîda qui prend le père pour un espion. Celle-ci recrute dans ses rangs des hommes du monde entier. Aussi, parmi ces soldats, on peut entendre plusieurs accents, cela va du Marocain, au Kowetien. Aidé par un homme et ce, au détriment de sa vie, le père réussi, on ne sait par quel miracle à atteindre Tora Bora, laissant sa femme derrière lui. Leur grand fils, lui, veut aussi retrouver ses parents. Il retrouve en fait leur traces grâce aux images vidéos d'un reporter palestinien présent sur les lieux, qui finit par mourir. Le fils, Ahmed, est sauvé suite à une attaque par les Patchounes et la famille est récupérée grâce à un hélico affrété par une ONG. Si les scènes de violence sont bien présentes, cela ne suffit pas pour émouvoir.
Le rôle des comédiens n'est pas à la hauteur de leurs personnages. Le scénario semble troué et la mise en scène à la limite du supportable. Hélas, un bon sujet ne fait pas un bon film.
Que dire après de la mauvaise qualité de l'image et les problèmes techniques récurrents qui surviennent en pleine projection, détériorant ainsi la prestation du film auprès du public, quand celui-ci n'est pas là juste pour tuer le temps. Voila que le festival s'achève et la programmation arrive à son terme sans que le festival pipe un mot sur le film Wadja, présent dans le catalogue, mais nulle part dans le planning, encore moins dans les salles.
Le public oranais et nous mêmes, qui étions très enthousiastes pour voir le film de la première réalisatrice saoudienne, Aïfa Al Mansour, repartiront bredouilles, et frustrés donc, après avoir essuyé déjà pas mal de déceptions, tant au niveau de l'organisation, que de la programmation.
Qui est en fait le directeur artistique du festival' Personne, et tout le monde à la fois. Une absence flagrante d'artistes a été remarquée aussi. Pourquoi à chaque fois qu'un film nous plait, son réalisateur n'est pas là' La guerre des Festivals arabes dont le timing chevauche à une semaine près, remet en cause la nécessité de réévaluation de ce festival qui se doit d'être à la hauteur de l'exigence et de l'émulation dont font preuve ses voisins dans les pays arabes à l'instar de Dubaï, Le Caire, Abou Dhabi ou encore Marrakech.
L'image de ce festival en péril, a atteint le fond. Les invités arabes ne sont pas dupes et préfèrent aller là où le mot cinéma a un sens résolument professionnel et concurrentiel, là où les industries de la production se battent pour glaner des millions et faire des rencontres avec des gens susceptibles de leur vendre aussi leur films ou produire leur scénario. Disons-le, le Fofa est à cent millions d'année lumière des festivals. Pourtant, il avait bien commencé, mais aujourd'hui tout cela part en fumée. Pourquoi donc ce déclin alors que l'Algérie ne connaît, elle, aucune «révolution»' Le Fofa devrait peut-être prendre exemple sur son voisin tunisien qui vient de prouver avec fierté et dignité que le cinéma n'est pas mort et doit continuer et persister malgré tout. Bien que les JCC aient été marquées cette année par de nombreuses défaillances organisationnelles, la programmation, elle, n'a jamais été aussi riche et les dizaines de salles de projection munies pour les plus importantes d'entre elles du DCP, ont continué à faire le plein, du matin au soir, jusqu'à minuit passé! A Tunis, les gens se battent pour aller voir des films. Il ont l'embarras du choix. Si la commissaire du Fofa n'est pas à la hauteur de ses espérances qu'elle cède la place à d'autres personnes plus compétentes ou bien qu'elle s'entoure de celles-ci.


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