Algérie

Un bataillon de l'armée malienne à Kidal



La force française Barkhane au Sahel, dont le retrait progressif a été annoncé récemment, aurait mené au moins trois frappes au Mali qui auraient fait des victimes parmi les civils depuis 2020, a révélé Mediapart dans une enquête publiée lundi. Dans son enquête, Mediapart met en lumière trois frappes de l'opération Barkhane, toutes au Mali, qui auraient totalisé des dizaines de victimes civiles. S'appuyant sur l'avis de chercheurs et témoins, le média s'interroge sur les règles d'engagement de l'armée française, à savoir si elle procède à des «frappes signatures». Ce type de frappe vise une personne ou un groupe de personnes dont l'identité est inconnue mais dont «les «activités observées depuis le ciel semblent correspondre à un profil considéré comme suspect», décrit l'ONG Amnesty International, laquelle dénonce un «risque de priver des personnes de la présomption de statut civil et de mener à des attaques directes contre des civils». Mediapart cite d'abord une frappe au camp de Fatawada, le 7 février 2020. Par coutume religieuse, des personnes ont enterré des terroristes tués la veille «lorsqu'un drone de Barkhane les a bombardés, tuant entre une douzaine et une trentaine de civils qui étaient présents». Ces faits ont été rapportés par des témoins oculaires dans une enquête du site Sahelien, lequel mentionne de son côté 43 civils tués par l'armée française au Mali, depuis 2018.Plus médiatisée, la frappe au village de Bounti, le 3 janvier 2021, aurait tué 22 personnes, dont 19 civils participant à un mariage. C'est ce qu'a conclu le rapport de la MINUSMA, la mission de l'ONU au Mali. L'armée française l'a contesté. Enfin, le 25 mars 2021, cinq à six jeunes à moto ont été tués à Talataye, identifiés à tort comme des terroristes alors qu'ils étaient partis chasser, affirme Mediapart sur la base de témoignages d'élus locaux. Contacté par le média à propos de cette frappe et de ses règles d'engagement, le ministère français des Armées a évoqué le secret de la défense mais a assuré ne pas faire usage de «frappes signatures». Ces méthodes, déjà pratiquées par les Etats-Unis notamment, remettent en cause l'usage de drones armés, utilisés par l'armée française depuis 2019, que ce soit pour identifier des cibles ou effectuer des frappes, selon le média. Dans ce contexte, un rapport de l'ONU publié en mars dernier, a notamment averti sur l'attaque d'un drone militaire autonome en Libye ayant ciblé des militaires, mais sans ordre direct. Depuis plusieurs années, des ONG comme Human Rights Watch, mais aussi l'ONU depuis 2017, souhaitent mettre en place un instrument juridique contraignant pour encadrer l'usage de drones militaires, en particulier ceux dotés d'un logiciel d'intelligence artificielle. Le président français, Emmanuel Macron avait annoncé le 11 juin la fin de la mission Berkhane, actant l'échec d'une politique militaire qui a duré huit ans, sur fond de montée du sentiment anti-français dans le pays sahélien. L'opération Barkhane a été de plus en plus contestée au Sahel après la multiplication de ses bavures au Mali.
Par ailleurs, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) a annoncé, lundi, que la troisième compagnie du bataillon reconstitué des Forces armées maliennes (FAMa) a pu rejoindre sa base de Kidal, dans le nord-est du Mali, conformément à l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation. «La 3è compagnie du bataillon des FAMa reconstituées de Kidal, initialement stationnée à Gao, a finalement rejoint sa garnison Kidal malgré plusieurs attaques des groupes terroristes», a indiqué la Minusma sur son compte Twitter. «Il s'agit d'une étape décisive dans la mise en oeuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation, réalisée grâce à l'engagement de la Minusma et aux efforts de toutes les parties signataires», a estimé la mission onusienne. Le bataillon reconstitué est composé des soldats des forces armées maliennes, des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et des ex-combattants des groupes armés pro-gouvernementaux. Il a été créé dans le cadre de l'Accord d'Alger qui prévoit à son article 21 «le redéploiement des forces de défense et de sécurité dans toutes les régions du nord». La première compagnie du bataillon est arrivée à Kidal en février 2020 et a immédiatement intégré le camp militaire d'où l'armée malienne avait été délogée en 2014 par les mouvements armés du nord. Kidal est la principale ville du nord du Mali où est basé l'état-major de la CMA.


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