Algérie

Un baril de pétrole à 200 $ ? L’économie mondiale fait boom !



Un baril de pétrole à 200 $ ? L’économie mondiale fait boom !
Si je vous dis le pétrole à 200 $, comment réagissez-vous ? Plusieurs solutions :
1. Vous me traitez de folle, d’agitée du bocal, de dangereuse chroniqueuse qui encourage la spéculation.
2. Vous êtes d’accord et d’ailleurs vous êtes déjà en train de creuser dans votre jardin pour profiter vous aussi des ressources de pétrole du sous-sol de la région parisienne.
3. Pas grave, vous avez une éolienne dans votre jardin, des panneaux solaires sur votre toit et une voiture électrique.
[Dans le prochain numéro de MoneyWeek, nous nous intéresserons d'ailleurs au green business... Grand gagnant des mesures de relance contre la crise, le green business est ensuite tombé en plein marasme, victime des plans de rigueur. Massacré en Bourse, cet investissement rentable à long terme présente désormais des valorisations attractives. Retrouvez notre sélection, la semaine prochaine... dans MoneyWeek !]
Ces derniers jours, le WTI, le cours du pétrole à New York, a franchi les 100 $ et le Brent, coté à Londres cette fois, s’approche des 120 $. La situation en Libye se détériore chaque jour un peu plus, entre rivières de sang et craintes d’une guerre civile.
Jusqu’où peuvent grimper les cours du pétrole ? Jusqu’à leur niveau de 2008 ? Au-delà ?
2011 n’est pas 2008
Une augmentation des cours du pétrole ne signifie rien de bon pour l’économie mondiale : le prix d’à peu près tout va augmenter. A part certaines entreprises du secteur de l’énergie, personne ne peut s’en réjouir.
Sauf que… la dernière fois que les cours du brut ont connu une telle fièvre, en 2008, ils se sont ensuite effondrés dans un krach mémorable – passant de 150 $ pendant l’été 2008 à environ 34 $ quelques mois plus tard.
Un scénario qui peut se reproduire aujourd’hui ?
Peut-être… Mais la situation en 2008 était très différente de celle d’aujourd’hui. En 2008, le problème se situait plutôt du côté de la demande : celle des pays occidentaux restait importante et celle des pays émergents était en très forte hausse.
Puis les subprime sont passés par là… ainsi que la récession. Avec pour conséquence une importante chute de la demande, du commerce mondial mais aussi des sources de financement de nouveaux projets de prospections et d’exploitations pétrolières. Conclusion, les prix du baril ont dégringolé.
Aujourd’hui, le coeur du problème est l’offre. Ou plutôt les craintes sur l’offre. La production de pétrole est menacée. D’après l’AFP, l’italienne ENI, principal producteur étranger en Libye, a vu sa production s’effondrer de plus de 50%, de 280 000 barils/jour (b/j) à 120 000 b/j. La production de pétrole libyen aurait chuté de 75%. Or, en temps normal, elle sert en grande partie à alimenter l’Europe (85%). Il y a donc un vrai risque d’approvisionnement.
Jusqu’où pourrait grimper le cours du pétrole ?
Quel est le meilleur scénario pour la Libye ? Que Kadhafi quitte le pouvoir – certainement plus de force que de gré – et qu’un nouveau gouvernement rétablisse rapidement l’ordre, le calme… et la production de pétrole. Tous les autres scénarios pèseront sur le cours du pétrole.
Si la guerre civile s’installe, les problèmes d’approvisionnement vont s’accentuer. Des sites d’exploitation de la compagnie chinoise China National Petroleum Corp (CNPC) auraient déjà été attaqués. Si Kadhafi l’emporte – ce qui semble cependant de moins en moins probable – les compagnies occidentales vont se trouver dans une position difficile. Surtout depuis que l’Europe s’est enfin décidée à « condamner » la répression et à brandir la menace de sanctions contre la Libye.
Comment déterminer jusqu’où pourrait aller le cours du pétrole ? 2011 n’est pas 2008… mais ressemble peut-être plus à ce qui s’était passé pendant la guerre du Golfe en 1990-1991. Le baril était alors passé de 20 $ environ à plus de 40 $. Les éléments de ressemblance sont assez importants pour qu’on puisse envisager un baril à 200 $ d’ici quelques temps. Comme le rapporte L’Agefi : « Si la Libye et l’Algérie arrêtaient leur production, cela ramènerait la capacité disponible de l’Opep à 2,1 million b/j. Un niveau proche de celui de la guerre du Golfe, et en dessous de celui de 2008″.
Mais pour cela, il faudrait que les troubles se diffusent dans d’autres pays producteurs… comme l’Arabie saoudite. Et voilà le hic de cette belle démonstration. La famille Saoud n’a aucune intention de laisser la révolte s’installer sur ses terres. Et fait tout pour cela : le roi Abdallah vient d’annoncer 36 milliards de dollars d’aides sociales à sa population et une hausse de 15% des salaires.
Mais même si le pétrole n’atteint pas – à moyen terme – les 200 $, aux niveaux actuels, le cours du pétrole est déjà à la limite du supportable. « Deutsche Bank considère déjà la barre des 120 dollars comme un point d’inflexion pour la croissance mondiale », rapporte L’Agefi. « D’après HSBC, les pays occidentaux subiraient une plus forte chute de leur pouvoir d’achat que les pays d’Asie ».
Et L’Agefi met en garde contre les conséquences à plus long terme : « D’après les simulations de la Barclays, la croissance du PIB mondial bouge fortement dans les quatre premiers trimestres qui suivent un choc pétrolier, une hausse de prix de 10% contribuant à un ralentissement du PIB de 0,5%. Un mouvement qui se corrige dès le septième trimestre. Selon la banque, les chocs de politique monétaire qui suivent une hausse des prix pétroliers semblent être les principaux contributeurs au ralentissement à moyen long terme du PIB ».

Pour aller plus loin aujourd’hui : misez sur le pétrole bien de chez nous
- La production de pétrole au Moyen-Orient est menacée : une raison de plus pour s’intéresser à des réserves de pétrole qui se situent… sous vos pieds. Les sous-sols de la région parisienne recèlent des trésors de pétrole… estimés à des millions de barils. Avec les troubles en Libye, l’intérêt pour ces ressources redouble : il est temps pour vous d’en profiter. Comment ? Pour le savoir, continuez votre lecture…
- N’oubliez pas non plus que dans le dernier MoneyWeek, nous nous sommes intéressés à des valeurs à l’abri de l’inflation : quoi de mieux qu’un bout de vigne ou de forêt pour vous mettre à l’abri des aléas économiques ? 3 recommandations qui sentent bon l’humus à découvrir cette semaine dans MoneyWeek.
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- Enfin, ce n’est pas parce que le Moyen-Orient et le pétrole font la une qu’il faut en oublier les problèmes européens. L’Irlande vote ce week-end : des élections législatives qui risquent de changer pas mal de choses… non seulement pour les Irlandais mais pour les Européens en général. En effet, le Fine Gael, crédité de 40% des intentions de vote, a promis de forcer certains créanciers « à partager le coût de la recapitalisation des institutions financières en difficulté ». Ce que cela signifie ? Que les banques européennes – dont la vôtre ? – vont devoir mettre la main à la poche. Simone Wapler reviendra dès lundi prochain sur les conséquences d’une telle décision.


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