Algérie

Un bain de mysticisme



Un bain de mysticisme
C'est à se demander les raisons qui font qu'un spectacle d'une telle qualité se déroule dans une salle à moitié vide. Pourtant, une telle occasion, même si le groupe est familier des scènes nationales, ne se rate pas. Le groupe venu de Kenadsa fut, une fois de plus, tout au long de sa prestation, dans la soirée de vendredi, fidèle à sa réputation désormais bien établie. Textes du patrimoine servis par des voix puissantes et une synchronisation des instruments ont ravi l'assistance. Le luthiste assis entre un violoniste et un joueur de banjo ne se contente pas d'entonner des chants. Il excelle dans les variations vocales, improvise dans le jeu instrumental et évolue dans une complicité totale avec les autres musiciens assis en demi-cercle. Les ch?urs dans le claquement des mains ou la reprise des couplets brisent la monotonie d'une musique qui, sans verser dans l'emballement, évolue en crescendo, passant avec brio d'une tonalité à une autre. Ecouter El Ferda, du nom d'un genre musical en vogue dans la petite ville située à une vingtaine de km de Bechar clamer sa soif d'absolu, de transcendance est surtout un baume au c?ur et à l'esprit. Chanter les vertus de la religion musulmane ou la quête spirituelle expurge celle-ci des anathèmes, réconcilie et plonge dans un bain de mysticisme. Le groupe s'inscrit dans un courant vieux de plusieurs siècles qui réunit l'ivresse de la croyance et celle que procure la musique. Seuls les esprits chagrins indifférents à la beauté et à la grâce veulent bannir celle-ci de nos vies et d'un patrimoine où elle a eu toujours sa place. Les sept éléments ont repris leurs grands succès comme « Nafsi Ya Nafsi » le poème de feu Tahar Bensaidi et en prélude Krim El Kourama, le poème culte du Marocain Kaddour El Allami. Des themes liés à la condition humaine que n'altere pas le temps. Le groupe passe aisément d'un registre à un autre comme cet intermède chaâbi habillé de sonorités africaines. Celles-ci affleurent toujours dans les chants du groupe au sommet de son art. Ce qui fait la force de ce groupe est cet heureux mixage de plusieurs genres traditionnels maghrébins, combinant avec habileté l'andalou, le melhoun marocain et le gnawi. Quand, à la fin du spectacle, on entonna la célèbre chanson « Sidi Benbouziane » en hommage à Sidi M'hamed Benbouziane, le saint patron de Kenadsa, les alentours de la scène prirent les allures d'une zaouia. La musique étreignait les corps des jeunes dont plusieurs femmes qui n'ont pas pu retenir leur envie de se relaxer et de se défouler. L'établissement arts et culture nous convie à d'autres soirées consacrées, hier et aujourd'hui, à des groupes targuis porteurs, heureuses révélations depuis quelques années.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)