Algérie

Un avertissement lourdement sanctionné en Bourse Alcatel


L'équipementier télécoms Alcatel-Lucent a émis, cette semaine, un avertissement sur sa rentabilité pour 2011, jugé en Bourse comme un sérieux raté, alors que le groupe entre dans la dernière ligne droite de son plan triennal de redressement. A quelques mois de l'échéance qu'il s'était fixée pour devenir une entreprise "normale" (en croissance, profitable et qui génère du cash) le groupe franco-américain a dit pâtir d'une conjoncture défavorable et de la frilosité des opérateurs télécoms européens à investir dans leurs réseaux. "Alcatel s'éloigne encore plus de ce qu'on pourrait appeler une entreprise 'normale'", estime Thomas Langer de West LB, alors que plusieurs analystes disent s'attendre à des révisions d'estimations après la publication, qui devraient peser sur le consensus pour 2011 et 2012. Vendredi, l'action Alcatel-Lucent accusait la plus forte baisse de l'indice CAC 40, chutant de 15,3 % à 1,7 03 euro et enregistrant ainsi en séance son plus-bas annuel. Le titre cède 22% depuis le début de l'année. Au terme d'un troisième trimestre jugé faible, au cours duquel le groupe a de nouveau englouti une partie de sa trésorerie, Alcatel a revu son objectif de marge d'exploitation ajustée à environ 4% pour 2011 et promis des mesures additionnelles pour réduire les coûts en 2012. "Compte tenu de l'incertitude du climat économique, nous allons mener des actions plus radicales", a déclaré le directeur général, Ben Verwaayen, qui table sur 500 millions d'euros d'économies supplémentaires. "Vous allez nous voir prendre de nouvelles mesures sur les coûts et sur le cash."
Le cash, "principale priorité"
L'équipementier télécoms, issu de la fusion en 2006 entre Alcatel et Lucent, a reporté d'un an son ambition d'atteindre un flux de trésorerie positif, se contentant désormais de tabler, pour 2011, sur "un niveau similaire à celui de l'année dernière, voire légèrement meilleur. La trésorerie sera en revanche la "principale priorité" pour 2012, a déclaré le directeur financier, Paul Tufano, expliquant que le groupe comptait poursuivre la refonte de sa gestion des stocks, celle-ci l'ayant pénalisé au cours des derniers mois. "Nous sommes plutôt confiants que nous pouvons arriver à nos fins", a ajouté Ben Verwaayen, qui a promis de construire l'ensemble de la stratégie pour l'année prochaine dans l'idée d'atteindre l'objectif de free cash flow. Historiquement faible sur le plan de la génération de trésorerie, Alcatel a accusé un "cash burn" cumulé d'un milliard d'euros depuis le début de l'année en cours, après avoir consommé 818 millions d'euros de trésorerie en 2010. L'équipementier devrait prochainement renflouer ses caisses grâce à la vente de sa filiale Genesys au fonds européen Permira pour 1,5 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros), annoncée le mois dernier et qui devrait intervenir au plus tard début 2012.
Brouillard sur 2012
Interrogé sur sa prévision pour le marché des équipements télécoms en 2012, Ben Verwaayen a répondu : "Il est trop tôt pour spéculer, le marché est incertain", citant des enjeux économiques et réglementaires qui brouillent la visibilité. Des analystes de RBS, Société Générale et Nomura tablent sur un recul du marché global des équipements télécoms en 2012, jusqu'à 5%. Pour la fin de l'exercice en cours, le groupe a surtout dû revoir en baisse ses attentes pour le marché européen. "Alcatel ne profite pas de la modernisation des réseaux et de la réorientation des dépenses des opérateurs du fixe vers le mobile en Europe", explique Pierre Ferragu, analyste chez Bernstein. "Au delà des frontières américaines, le groupe peine à trouver de nouvelles pistes de croissance." L'équipementier télécoms affirme qu'il pourra maintenir ses positions aux Etats-Unis. "Notre position solide aux Etats-Unis est l'une de nos forces et nous voyons cela se poursuivre au quatrième trimestre", a déclaré le directeur général lors d'une conférence téléphonique. Alcatel a publié des ventes de 3,8 milliards d'euros au titre du troisième trimestre, en baisse de 6,8%, une marge d'exploitation ajustée de 4,55% (3,8% hors impact favorable ponctuel lié à un accord de licence) et un bénéfice net de 194 millions.
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