Les électeurs tunisiens sur les 1300 listes présentées ont su porter leur choix en sanctionnant par élimination du champ politique certains acteurs.L'article: «Quel avenir pour la Tunisie, (L'Expression du 13.09.2014) a été conclu comme suit: «Le Maghreb, les pays européens du Sud, les régimes rétro-grades arabes, tout ce beau monde retient son souffle quant à l'avenir incontournable de la Tunisie au-delà du 26 octobre 2014, jour du scrutin législatif et la transition en Tunisie a bel et bien été déclenchée avec, cependant, le spectre de déstabilisation du pays par la présence du terrorisme de plus en plus actif.» Certains éléments que l'on peut qualifier de négatifs ont été également soulevés et s'ajoutent à d'autres nés du récent scrutin:-la révolution tunisienne n'a pas procédé au démantèlement de l'ancien régime comme on l'entend dans une véritable révolution digne de ce nom.-comme dans tous les soulèvements dans certains pays arabes, la jeunesse qui a été à l'origine de la «rébellion» et a constitué l'élément moteur et mobilisateur des peuples opprimés, le résultat lui a été confisqué.- des élections libres et démocratiques,-un cacique du système et le poids des années, (88 ans) qu'il traîne ont été les vainqueurs.Les éléments positifs30% des électeurs se sont abstenus.-l'incontournable alliance pour la formation du gouvernement, (109 sur les 217 élus pour assurer le vote de confiance),-les délais légaux impartis pour la formation du gouvernement d'autant que ce scrutin législatif est suivi de l'élection présidentielle dont le rôle est essentiel durant cette phase,-l'identification ou l'inconnu de la tête sur lequel le chapeau présidentiel devra se poser à l'issue du scrutin du 23.11.2014-le véritable virage vers la stabilité institutionnelle a été entamé avec succès.-le remarquable comportement de la société tunisienne qui sur 1300 listes présentées a su faire le tri.-une intervention militaire est exclue en raison de l'absence totale de l'armée dans le jeu politique, l'ancien régime s'étant reposé sur la police d'où émane son chef suprême, Ben Ali.-l'attitude du parti Ennahda dans sa stratégie inédite (pour un parti islamique), sûrement les expériences sur la difficile prise en charge des aspirations populaires immédiates socio-économiques menées à leur début par le gouvernement de coalition (Frères musulmans-laïcs), de l'ex-FIS en Algérie, l'exemple égyptien de l'éviction du président élu et les félicitations adressées à l'adversaire avant la promulgation des résultats définitifs et officiels sont autant de facteurs qui expliquent cette attitude islamique.La manoeuvre irréversibleEnsuite, pendant les deux ans et demi de pouvoir, le parti islamiste a essayé de faire bouchée double sûrement sur la base d'une manoeuvre irréversible sur le plan politique en créant à toute allure des Ligues de protection de la révolution, le contrôle des mosquées par des prêches hebdomadaires pour assurer la mobilisation constante des masses déshéritées et enfin la création de milices islamistes de police parallèle, (dissoutes par la suite), tous ces éléments constituent certainement les raisons du recul électoral des islamistes.-la non-candidature présidentielle d'Ennahda et son soutien à un candidat du consensus. Ceci dit, voyons comment se présente le paysage politique tunisien à l'issue de ces élections législatives:Nidaa Tounès de Caïd Baji Essebsi, a gagné 85 sièges en se propulsant à la première place tandis qu'Ennahda avec 69 occupe la seconde position.Les électeurs tunisiens sur les 1300 listes présentées ont su porter leur choix en sanctionnant par élimination du champ politique certains acteurs ce qui dénote une conscience politique élevée par rapport à d'autres pays arabes en prouvant par cette expression, le caractère moderne de la société tunisienne.Le corps électoral n'a pas craint la bipolarisation de la vie politique et par là, il a modifié en profondeur le paysage politique tunisien en rejetant la prééminence d'un parti comme le RCD dans l'ancien régime en instituant un équilibre entre le laïc et le religieux ce qui peut contenter l'ensemble de la société et confirme la direction irréversible démocratique.Nidaa Tounès et l'art de la communicationLe mérite d'Ennahda avec sa stratégie adoptée confirme son intention de rester partie prenante dans le jeu politique. Elle peut éventuellement jouer la partition dans l'opposition si les quatre partis, Nidaa Tounès, le Front populaire, l'ULP et Afek Tounès, dont l'alliance peut obtenir la majorité absolue s'entendent pour former un gouvernement. Mais le chef de file de Nidaa Tounès, Baji Caïd Essebsi, compagnon de Bourguiba, se réclamant du legs moderniste, ne disposant pas de la majorité indispensable. Ce «loup politique» dont l'âge avancé peut lui entrevoir l'intérêt supérieur de la Tunisie, optera pour une raison de stabilité du pays et ainsi s'allier avec Ennahda, situation qui plairait à l'Occident, et sera également bien vue sur le plan régional. En réalité, Ennahda n'a pas d'autres choix que de répondre aux données nouvelles issues notamment de l'éviction du président égyptien élu et par conséquent de la faille des Frères musulmans égyptiens à ne pouvoir plus soutenir le clan islamiste tunisien. L'assassinat des deux dirigeants politiques de gauche, le sens politique élevé de la mouvance islamiste tunisienne qui a pris conscience d'éviter au pays la descente aux enfers à l'instar de la Libye au moment où le terrorisme s'implantait durablement sur le territoire national, position digne d'intérêt qui mérite d'être soulignée. Par ailleurs, les caisses du Trésor sont misérablement vides. La manne financière émanant du tourisme est complètement annihilée, mettant deux millions de Tunisiens sur la paille. Les aides promises n'ont pas été tenues par les royaumes arabes rétrogrades. Avec la montée en flèche du chômage qui, additionné aux précédents, constitue autant de facteurs désastreux économiquement à l'origine du recul électoral d'Ennahda. Quant à Nidaa Tounès, c'est un parti hétéroclite avec des caciques de l'ancien régime (dont le dirigeant lui-même), des personnalités de centre droit, de la gauche et plusieurs hommes d'affaires et chefs d'entreprise. Nidaa Tounès a mené la campagne électorale avec tact et adresse en usant l'art de la communication moderne du champ médiatique, notamment les réseaux sociaux, la télévision, la presse écrite et électronique. Son patron, Beji Caïd Essebsi a été ambassadeur aux USA et en France, ancien ministre de l'Intérieur et des Affaires étrangères, avocat, ce dirigeant rompu aux coulisses tant intérieures et internationales possède sûrement un agenda susceptible de lui porter aide et assistance dans le monde politique s'il se portait candidat à l'élection présidentielle en tant qu'homme du consensus ou représentant le clan démocratique laïc. Le parti de Moncef Merzouki, président de la République (Congrès Pour la République) (02 sièges), Ettakatol du président de l'Assemblée Nationale constituante, (02 sièges) Mustapha Ben Jaâfar, et Al Joumhouri, l'opposant historique Ahmed Néjib Chebbi, (01 siège), cela a été un véritable désastre pour ces personnalités politiques de premier plan, candidats potentiels à l'élection présidentielle. Enfin, quel que ce soit le gouvernement tunisien qui sera formé après ces élections législatives, celui-ci aura la lourde tâche de s'atteler à accélérer à mettre en oeuvre des solutions rapides à deux questions prioritaires, la question économique et l'aspect sécuritaire.
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Posté Le : 03/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ahmed LAGRAA
Source : www.lexpressiondz.com