Algérie

Un avenir pour le Mali



Confronté, depuis plusieurs années, à une crise persistante, le Mali est tributaire d'une pauvreté conséquente à une désorganisation de son économie. En effet, s'il dispose de ressources avérées, le pays sahélien souffre d'un modèle économique déstructuré et d'une mauvaise gestion qu'aggravent d'autres paramè-tres comme la corruption, la dilapidation des ressources financières et le climat sécuritaire instable. C'est dire que, si la crise économique et sociale actuelle semble résulter des soubresauts qui agitent l'économie régionale, voire internationale, elle résulte, surtout, des facteurs internes précités. Lorsqu'à cela s'ajoute un contexte de conflits inter ethniques et, parfois, d'affrontements, la menace est telle que des craintes légitimes peuvent apparaître en ce qui concerne l'unité et la souveraineté du Mali. C'est en fonction de ces enjeux et de ces risques que l'Algérie a engagé sa médiation afin de protéger le pays frère et voisin de toute dérive et que sa diplomatie, aux mécanismes et aux objectifs connus et reconnus, a enclenché le processus d'Alger, abouti en 2015 avec la signature d'un accord entre les mouvements de l'Azawed et le gouvernement malien. Socle de la réconciliation et de l'amorce d'un développement équilibré pour l'ensemble des régions du pays, y compris le Nord du Mali, le processus d'Alger, salué par la communauté internationale, dans son ensemble, et consacré par l'Union africaine comme un modèle de résolution pacifique des conflits, a été, récemment, illustré par la réunion de Kidal, où le comité de suivi de la mise en oeuvre de cet accord inclusif, présidé par le MAE, Sabri Boukadoum, a tenu sa réunion dans un cadre de réhabilitation de l'Etat malien et de ses prérogatives régaliennes. Sans la paix, le Mali qui dispose, il faut le savoir, de ressources humaines et naturelles appréciables, ne peut en finir avec les occasions ratées, dans divers domaines, notamment l'éducation et la santé. Pour pouvoir nourrir sa population et vaincre des maladies comme le paludisme, la tuberculose, la lèpre, la cécité des rivières, il lui faut se reconstruire sur la base d'une participation la plus large possible de toutes ses forces vives. Le cadre démocratique existe et la transition mise en place, après le retrait du président Ibrahim Boubacar Keïta, de son gouvernement et du Parlement, devrait permettre une redistribution des cartes conforme aux fortes attentes d'un peuple qui a manifesté sa colère contre les dérives de ces dernières années. Outre les fléaux sociaux de la criminalité et de la drogue, le Mali souffre d'une pénalisation aggravée de ses matières premières, tandis que ses exportations se réduisent au strict minimum, les produits alimentaires et les équipements affichant des coûts prohibitifs. Pour émerger de la double crise, il a besoin de stabilité, puis de sécurité et de réconciliation nationale. Depuis les années 90, le Mali a connu des ruptures fondamentales, aussi bien dans son fonctionnement politique et économique que dans la participation des forces représentatives.Il est, ainsi, passé d'un système centralisé et dirigiste à un système pluraliste, doté de contre-pouvoirs, avec une économie régulée par les nouvelles institutions.
Le processus d'Alger oeuvre à conforter tout cela et contribue à réunir les conditions nécessaires pour en garantir l'ancrage dans une stratégie de développement qui permettra de vaincre le terrorisme et ses tentacules diverses, comme les trafics d'armes et de drogue ou d'autres maux. Il appartient, cependant, aux dirigeants maliens de travailler à éviter les erreurs du passé, tout en stimulant l'ensemble des énergies dont est porteur le peuple frère et voisin.


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