Algérie

Un avenir en pointillé'



Si le Niger a jusqu'à présent échappé aux violences, la crise politique demeure après l'obtention très controversée d'une rallonge du mandat du président Mamadou Tandja, la situation pourrait se dégrader dans les mois à venir, estiment les observateurs. « M. Tandja a tenu son référendum et puis ça a réglé quoi pour le pays ' Les acteurs politiques, les ONG et les syndicats vont continuer à le contester et seront toujours dans la rue », affirme Mamane Abou, directeur du plus important hebdomadaire nigérien, le Républicain. « Les difficultés sont devant les Nigériens, pas derrière eux », prédit-il. A l'issue d'un référendum sur l'adoption d'une nouvelle Constitution, boycotté par l'opposition, le chef de l'Etat, 71 ans, a obtenu mardi que son mandat soit rallongé de trois ans. M. Tandja, qui devait normalement se retirer en décembre prochain au terme d'un second quinquennat consécutif, a dissous le Parlement puis la Cour constitutionnelle pour arriver à ses fins et gouverne depuis, grâce aux « pouvoirs exceptionnels » qu'il s'est arrogés. La situation dans le pays est très tendue mais jusqu'à présent, les violences ont été évitées, notamment grâce à la retenue dont a fait preuve l'opposition, estime un observateur à Niamey ayant requis l'anonymat. « Avec le temps, des tensions vont apparaître (...) Quand la société civile et en particulier les syndicats qui sont très puissants au Niger vont intensifier leur contestation, l'armée va devoir intervenir », estime cependant Sebastian Spio-Garbrah, analyste chez Eurasia Group, à New York. « Les choses ne sont pas tranchées » et l'avenir du pays est pavé de points d'interrogations, note l'observateur anonyme.L'uranium qui appauvrit'L'opposition va-t-elle aller à la confrontation ou bien devenir silencieuse ' Comment M. Tandja va-t-il gouverner dans un pays sans institution ' « On ne gouverne pas un pays directement avec les gens. (...) Il faudra trouver des relais politiques pour faire vivre ces dispositifs de pouvoir », estime-t-il. Bruxelles, après avoir bloqué le versement d'une aide au budget de l'Etat, a menacé de « graves conséquences » pour l'avenir des aides européennes. Le budget 2009 du Niger dépend à plus de 60% des aides extérieures. Des sanctions réduiraient la marge de man'uvre du président qui a fait de nombreuses promesses lors de la campagne pour le référendum. M. Tandja et ses partisans n'ont cessé de répéter que la rallonge de trois ans lui permettra de parachever ses « grands chantiers » visant à sortir le pays de la pauvreté. Il s'agit notamment du début, prévu en 2012, de la production pétrolière et de l'exploitation par le groupe français Areva de la mine d'uranium géante d'Imouraren. Le président a aussi promis un ambitieux barrage sur le fleuve Niger et l'exploitation d'une mine de charbon dans la région de Tahoua centre-est. Pour Sebastian Spio-Garbrah, « aussi longtemps que la France demeure silencieuse et que l'armée le soutient, il (M. Tandja) sera tranquille ». Selon lui, le fait que le pays sahélien soit le troisième producteur mondial d'uranium a pour conséquence que la communauté internationale et en particulier la France, l'ancienne puissance coloniale, n'aient que timidement protesté face à la dérive autocratique de M. Tandja. « La France dépend beaucoup de l'énergie nucléaire, l'uranium de ses centrales provient du Niger. C'est une question stratégique », estime M. Spio-Garbrah. De plus, avec le développement de la branche maghrébine d'Al Qaïda, qui multiplie les attaques dans le Sahel, une instabilité politique au Niger pourrait être lourde de conséquences. Selon l'analyste, les Etats-Unis ont fait preuve de retenue face à M. Tandja car ils craignent de voir l'uranium nigérien atterrir entre les mains de terroristes.


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