Algérie

Un autre bain de sang au Nigeria



«Quelque 50 personnes ont été tuées, hier, quand un groupe d’habitants de la communauté d’Ezza a attaqué des membres de la communauté voisine d’Ezilo à propos d’un différend foncier», a déclaré un porte-parole du gouvernement de l’Etat d’Ebonyi (Sud-Est). Onyekachi Eni a souligné que ces affrontements, liés à un litige remontant à 2008, n’étaient pas liés aux dernières violences interconfessionnelles qui ont frappé le pays pour Noël. Le porte-parole de la police de l’Etat d’Ebonyi a estimé le bilan à une quarantaine de morts. «Mais nous ne pouvons pas avoir une idée précise, car beaucoup de corps ont été retrouvés en morceaux dans la brousse», a dit John Elu. Les affrontements dus à des conflits fonciers sont fréquents au Nigeria, particulièrement entre éleveurs et cultivateurs. Mais le pays le plus peuplé et premier producteur de pétrole d’Afrique est surtout miné par une montée des violences attribuées aux islamistes de Boko Haram. Le groupe a revendiqué une série d’attentats qui visaient notamment des églises chrétiennes pour la messe de Noël et ont fait près de cinquante morts. Mis sous la pression d’endiguer les attentats et attaques qui se sont multipliés, faisant des centaines de morts en 2011, le président Johathan a décrété hier l’état d’urgence dans des zones du Nord et du Centre et annoncé la fermeture des frontières dans les régions les plus touchées par les violences.   
Contrôle des activités terroristes transfrontalières
«Alors que la recherche de solutions durables est en cours, il est devenu impératif de prendre les mesures nécessaires au retour à la normale dans le pays et en particulier dans les zones affectées. En conséquence, j’ai déclaré l’état d’urgence dans certaines zones» des Etats de Yobe, de Borno, du Plateau et du Niger (nord-est et centre-ouest du pays), a-t-il déclaré à la télévision. Le président nigérian a ajouté avoir «ordonné la fermeture des frontières avec les pays voisins des zones en proie aux violences et demandé le contrôle des activités terroristes transfrontalières». Ces mesures concernent le Niger, le Cameroun et le Tchad.  Elles visent à empêcher les «terroristes» de «se replier hors de portée de notre système judiciaire», a expliqué M. Jonathan. On ignorait si ces mesures qui renforcent les pouvoirs de la police et de l’armée étaient entrées en vigueur sans délai, le président ayant dit qu’elles devaient être envoyées au Parlement à la fin des congés.    Cela n’a pas empêché les défenseurs des libertés de s’inquiéter alors que l’armée est déjà accusée d’avoir la main lourde dans la répression. «La déclaration est un chèque en blanc aux agents de sécurité pour violer les droits de l’homme», a dit Shehu Sani, un militant du Nord-Est. «Le dialogue reste la bonne option pour en finir avec l’effusion de sang», a-t-il dit. Le président s’était auparavant rendu à l’église catholique de Sainte-Thérèse, à Madalla, près de la capitale Abuja, où 44 personnes ont été tuées le jour de Noël par une bombe à la sortie de la messe de la nativité. Il a comparé Boko Haram à une tumeur mortelle qu’il a promis de détruire. La secte «était d’abord un groupe inoffensif qui a grossi comme un cancer.»
L’armée impliquée
«Et le Nigeria, étant le corps, ils veulent le tuer. Mais personne ne les laissera faire», a-t-il affirmé. «Tous ensemble, nous allons les contrôler puis les écraser», a ajouté M. Jonathan.
Les évêques catholiques ont appelé, hier, le président à recourir à des experts étrangers pour aider les forces de sécurité dans la lutte contre Boko Haram. La communauté chrétienne a menacé de recourir à l’autodéfense si les violences se poursuivaient dans un pays divisé entre un Nord pauvre à dominante musulmane et un Sud plus riche, surtout chrétien et animiste. Boko Haram a revendiqué de nombreuses attaques, dont l’attentat suicide d’août 2011 contre le siège de l’ONU à Abuja qui avait tué 25 personnes.


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