Algérie

Un autodafé qui ne dit pas son nom Post-it



Un autodafé qui ne dit pas son nom                                    Post-it
A l'exception du journal ou des journaux quotidiens qui, d'une part, restent, financièrement parlant, les seuls supports de lecture accessibles et par l'avantage, d'autre part, que ce support offre au citoyen d'être au fait de manière décodée d'une actualité de laquelle il est dépendant, tout en étant simultanément le maillon essentiel, l'autre lecture pour l'Algérien, celle de livres, romans et ouvrages didactiques est, signe des temps, ravalée au stade d'activité superfétatoire, voire négligeable, compte tenu du luxe qu'elle représente à ses yeux. Une attitude qui, légitimement est-il besoin de le concéder, ne peut lui être reprochée. Même pas, par ailleurs, aux habituels et passionnés lecteurs qui, dans un passé récent, avaient encore ce fameux livre de chevet. Les temps sont durs pour les millions de lecteurs potentiels transformés, durant ces vingt dernières années, en ilotes de la vie courante. Tout ouvrage coûte cher pour un cadre quel que soit son statut social, et celui qui peut y accéder n'est pas porté sur cet exercice.Cela étant, par son désir et sa soif de consulter quotidiennement de multiples titres, le lecteur algérien apporte la preuve par neuf de sa propension à lire. Sauf que par les temps qui courent, entre vouloir et pouvoir s'est creusé un fossé que d'aucuns ne franchiront pas. Que ne sont-elles pas nombreuses les librairies qui ont baissé rideau dans les grandes villes. La passion de leurs propriétaires n'ayant pu résister à une triste réalité qui, pour les pouvoirs publics, semble consister en une espèce de lobotomisation de masse. Ceci à un moment où les turbulences par lesquelles est passé le pays devraient plutôt inciter plus d'un à réfléchir aux voies et moyens d'éviter à des pans entiers de la population d'entrer à leur corps défendant dans une forme d'obscurantisme. Si l'Etat soutient des produits essentiels dits de base comme le lait, la semoule, l'huile', la lecture l'est tout autant sauf si l'on procède volontairement de l'intention de confiner l'Algérien au stade de bipède. Sans plus. Si les libraires sont frappés d'extinction, l'alternative qu'ont été les bouquinistes semble emprunter le même chemin également. Toutefois, tant qu'un seul d'entre les deux restera dans ce paysage lugubre, dans cette vie culturelle entretenue par perfusion, l'espoir aussi faible sera-t-il, entretiendra toutes les espérances possibles.
A. L.


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