Art primitif et intemporel qui a voyagé dans l'histoire, la pyrogravure, art mineur en Algérie, il a son maître du côté de Touggourt. Mihoub Abdelwahab, de son nom d'artiste Houba, est pyrograveur depuis les années 70. Artiste autodidacte, sa rencontre avec cette technique est le fruit d'un incroyable concours de circonstances. "À l'époque, j'étais footballeur et mon coach d'alors était directeur d'une maison de jeunes à Touggourt.Il m'a fait part de la réception d'appareils de pyrogravure, et comme il savait que je faisais de la peinture à la gouache, il m'a invité à les découvrir", se souvient Houba. "C'est de cette manière que j'ai fait connaissance avec cette technique et j'en ai fait mon métier", ajoute-t-il. Même s'il a travaillé dans la mise en valeur des terres agricoles, il se consacre entièrement à son art avec l'avènement du terrorisme. Tombé amoureux d'une technique "écologique" qui ne "demande pas beaucoup de moyens", il est néanmoins obligé d'avoir un minimum de matériaux pour s'exprimer.
"Il faut au préalable disposer d'un pyrographe, un transformateur de chaleur, des stylos et différentes pointes qu'il faut changer tous les mois que j'achète en France", indique-t-il en expliquant qu'au contraire des autres artistes peintres, "on peut travailler là où on veut". Quant à son inspiration, il la puise principalement dans les scènes quotidiennes du Sud-Est algérien "mais je m'inspire également des villes comme Oran, Alger, Timimoun ou Tamanrasset", précise notre interlocuteur. Les thèmes de ses tableaux racontent des histoires à travers son ?uvre où on rencontre des Touareg, des scènes de la vie quotidienne, des pans d'architecture et des décors traditionnels.
Des cartes postales renvoyant à des images d'Epinal pour mieux vendre le rêve et encourager à la découverte des lieux. Ces captures scéniques sont travaillées sur des supports aussi variés que nombreux, à l'image du bois, du velours ou encore du cuir, préférant pour sa part particulièrement le bois, affirme l'artiste. "Art peu connu en Algérie", il aimerait que cette technique se développe localement, puisqu'elle est en vogue en Australie, au Canada ou aux Etats-Unis d'Amérique.
À ce propos, il indique qu'il a déjà exposé dans un musée virtuel américain mais aussi en Algérie et en France. "Cette technique n'est pas encore enseignée dans les écoles des beaux-arts, mais elle le sera prochainement selon les informations que j'ai en ma possession", espère Mihoub Abdelouahab.
Même s'il arrive à vivre de son art "en vendant de temps en temps un de mes tableaux", la situation actuelle des artistes est devenue plus précaire à cause des conséquences de la crise sanitaire qui dure depuis 15 mois. Il se rappelle de son début qui a coïncidé avec sa dernière exposition à Alger. "J'avais commencé à exposer dans un hôtel de la capitale le 9 mars 2019, une semaine plus tard tout a été fermé, j'ai plié bagage et suis rentré à Touggourt", raconte notre artiste, la mort dans l'âme.
SAID OUSSAD
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Posté Le : 18/08/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Said OUSSAD
Source : www.liberte-algerie.com