Algérie

Un art libyque pur



Cette stèle a été découverte en 1987 près du village d'Oued Amizour dans un champ appartenant à la famille de Brahim Chelagha qui, pour l'abriter, la déposa dans son garage. En 2021, son cousin Bilal Chelagha comprit aussitôt la valeur scientifique de ce document, et en a publié une photographie sur Facebook.Elle est dans son état d'origine, mis à part l'accentuation de quelques traits pour la rendre plus lisible. La partie haute a été brisée, sans manque de matière appréciable. La surface de la pierre porte manifestement quelques traces de socs de charrue, tandis que plusieurs gros éclats de la partie en bas à droite ont disparu, avec la tête et le poitrail du cheval qui devait y être gravé.
L'ensemble est parfaitement net et révélateur : cette stèle appartient sans conteste au groupe de stèles au cavalier libyque, dont la plus emblématique est la stèle d'Abizar : même stylisation (et non maladresse), le cavalier à longue barbe et moustache est coiffé d'une sorte de turban. Il brandit de la main gauche un petit bouclier rond et les trois javelines habituelles. Dans la main droite ouverte, il montre un anneau, également habituel, qui semble bien être un signe de pouvoir.
À gauche, on note deux lignes verticales de caractère libyque qui pourront être déchiffrées. Exceptionnellement, deux traits divergents partant de la cassure de part et d'autre de la barbe pourraient représenter l'ouverture d'un vêtement (ceci restant à vérifier sur la pierre elle-même). Le tout est bien conforme à l'iconographie de toutes les stèles libyques figurées de la région avec les mêmes conventions, sans aucune trace de traditions étrangères (punique ou romaine). Il s'agit d'un art libyque le plus pur.
Il y a déjà quelques années, la stèle de Semaoune-Chemini avait déjà montré que le groupe de type Abizar s'étendait bien plus vers l'Est qu'on ne l'avait cru jusque-là. Celle-ci a de plus été trouvée non plus à l'ouest mais à l'est de la Soummam, ce qui montre une profonde unité et identité culturelle de la région à une date ancienne, de toute manière antérieure à la période romaine.
Un article scientifique va paraître dans le Bulletin d'archéologie algérienne.
Soraya Boudjou et Jean-Pierre Laporte
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