Algérie

"Un arrêté visant à tuer la solidarité citoyenne"



Le wali de Tizi Ouzou, Djillali Doumi, a interdit depuis jeudi, dans un arrêté, la collecte de toute forme de fonds dans les rues et les espaces publics, et même interdit aux présidents d'APC d'accorder toute autorisation aux personnes physiques ou morales et associations à partir du 17 février 2022." Des poursuites pénales seront engagées contre toute personne qui enfreindra cette décision avec retrait d'agrément aux associations ou comités des villages ", a averti le wali.
Une situation qui n'a pas tardé à susciter la colère d'élus, d'associations, de comités de village et aussi de malades qui ont mis tous leurs espoirs dans cet esprit de solidarité villageoise pour, enfin, bénéficier de soins appropriés.
Pour certains, cette décision est tout simplement aberrante et vise même à "tuer" la solidarité citoyenne surtout celle organisée pour venir en aide aux malades.
"La décision est intervenue le week-end. Nous allons nous réunir dimanche pour voir comment réagir", a déclaré, Bouadou Bouaziz, le président de l'APC d'Aït Bouadou. Cette décision a aussi fait réagir, hier, des avocats. "Le seul espoir qui reste à nos malades de la wilaya de Tizi Ouzou est brisé. À partir du 17 février 2022, il est interdit d'accorder des autorisations de collecte de dons à travers la wilaya. Où est l'alternative", s'est demandé Me Allili Yamina.
"Nos hôpitaux sont-ils vraiment capables de prendre en charge leurs malades '", s'est-elle encore interrogée. Rachid, un malade de Mâatkas, s'est dit, hier, outré par une telle décision.
Agé de 40 ans, souffrant d'une insuffisance rénale, il a récemment lancé une quête pour des soins à l'étranger, nécessitant plus de 11 millions de dinars. "J'ai arrêté la collecte à cause la situation sanitaire mais là, avec cette nouvelle instruction, je ne pourrai plus la relancer", a-t-il regretté.
"À Tizi Ouzou, je connais des malades qui attendent une greffe de rein depuis 2003 et, à ce jour, ils continuent de souffrir alors que leur seul espoir, tout comme moi, est d'espérer une prise en charge à l'étranger. Une démarche très coûteuse, d'où ces collectes d'argent", a-t-il affirmé, estimant que ces opérations résultent de la fragilité de notre système de santé.
Comme Rachid, ils sont nombreux à Tizi Ouzou à espérer une prise en charge dans des cliniques privées ou à l'étranger. C'est le cas, par exemple, de la jeune étudiante Goumeziane Ghalia, 20 ans, du village d'Aïn Meziab, souffrant d'une aplasie médullaire sévère, nécessitant des soins à l'étranger.
À cet effet, les villageois ont lancé une opération de solidarité, en rassurant sur la transparence de sa gestion. Il y a aussi Hocine Ramdani, 9 ans, atteint d'une maladie rare qui touche gravement ses yeux et qui espère une prise en charge à l'étranger nécessitant 50 000 euros.
Des malades qui sont souvent issus de familles nécessiteuses et qui n'ont pas accès à une prise en charge par l'Etat.

K.TIGHILT


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