Un arc chiite se forme autour des contestataires

«Cette intervention militaire est un acte hideux voué à l’échec, et les peuples de la région la mettent sur le compte des Etats-Unis», a déclaré  le président  Ahmadinejad à l’issue du Conseil des ministres. «Les Etats-Unis cherchent à sauver le régime sioniste et à étrangler le mouvement des peuples et pour cette raison ils soutiennent certains gouvernements», a ajouté le président iranien. «Malheureusement aujourd’hui à Bahreïn, il y a une mobilisation contre la population, ce qui est un acte hideux, injustifiable et incompréhensible. Comment ceux qui utilisent les armes contre leur peuple veulent-ils gouverner '» a-t-il encore demandé.
Le président iranien a par ailleurs lancé un avertissement voilé à, sans les nommer,  l’Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis qui ont envoyé, lundi dernier, des forces pour aider les autorités bahreïnies à rétablir l’ordre dans l’émirat secoué depuis un mois par des manifestations antigouvernementales. «Je dis à certains qui ont envoyé des forces armées à Bahreïn que, par le passé, certains pays de la région ont envoyé des troupes chez leur voisin et qu’il faut tirer les leçons de ce qui est arrivé à Saddam Hussein», a-t-il ajouté. «Les Etats-Unis ne sont pas un ami fidèle pour vous, et par le passé ils ont sacrifié leurs amis, notamment Saddam», a-t-il souligné.
Ahmadinejad avertit  
Mahmoud Ahmadinejad a, à nouveau, demandé aux dirigeants bahreïnis de répondre aux demandes «légitimes» de l’opposition, majoritairement chiite comme l’Iran, de ce petit pays dirigé par une dynastie sunnite. «Sur une population de 700 000 personnes, 600 000 protestent et veulent le changement. Il faut respecter le peuple et faire des réformes. Pensez à votre avenir», a lancé le président iranien. De son côté, le commandant en chef adjoint des Gardiens de la révolution chargé des questions politiques, le général Yadollah Javani, a affirmé à Irna que «Washington payera un lourd tribut pour son soutien à la répression du peuple bahreïni et des autres peuples musulmans au Proche-Orient et en Afrique du Nord». «L’envoi de troupes militaires d’Arabie Saoudite et des Emirats à Bahreïn a été fait avec le soutien et la coordination des Etats-Unis», a affirmé ce responsable des «Pasdaran». «La protestation à Bahreïn met en danger les intérêts de Washington» qui risque de «perdre une base importante dans la région», a-t-il expliqué en référence à la présence dans cet émirat du quartier général de la Ve flotte américaine chargée, notamment, de surveiller le Golfe.
Un dignitaire chiite d’Irak s’en mêle  
Un haut dignitaire chiite basé en Irak, Bachir Al Najafi, a condamné hier la violente répression menée par le gouvernement de Bahreïn contre les manifestants, principalement chiites, à Manama. «Nous condamnons cet acte irresponsable», a déclaré l’ayatollah Najafi, dans un communiqué repris par l’AFP, publié par son bureau dans la ville sainte chiite de Najaf, à 110 km au sud de la capitale. «Nous demandons l’arrêt immédiat de cette injustice faite aux citoyens», a-t-il ajouté. L’ayatollah Najafi est un des membres de la marjaïya, la direction religieuse chiite, établie à Najaf, et à ce titre un des quatre dignitaires chiites les plus influents d’Irak. «Nous sommes surpris que le gouvernement de Bahreïn fasse appel à des forces de pays voisins, qui ont attaqué avec des armes et des obus des villages et des personnes qui lançaient des slogans pacifiques», a ajouté Najafi. Il a appelé les autorités de Bahreïn «à éviter la violence et les conflits confessionnels, à sauver des vies et s’engager dans des négociations pour sauver le pays». Des dignitaires chiites bahreïnis en ont appelé mardi dernier à la communauté internationale et au monde musulman afin d’éviter un «massacre» dans le royaume.