Un appel pressant pour l'application des textes promulgués

L'Etat algérien a, depuis 1980, mis en place des textes qui assurent l'accessibilité aux personnes handicapées. Le dernier en date est l'arrêté interministériel du 6 mars 2011 relatif aux normes d'accessibilité. Néanmoins, l'application tarde à venir. Ce qui a incité le président de l'Association nationale des myopathes, Akli Aknine, à demander la concrétisation de ces textes pour assurer aux handicapés une « accessibilité générale qui ne doit pas concerner seulement les trottoirs et le bâti, mais aussi l'enseignement, la formation et l'emploi ». Intervenant, hier, au forumd'El Moudjahid à l'occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, célébrée le 3 décembre de chaque année, Aknine a également appelé à la prévention natale et prénatale pour déceler cette maladie génétique qui provoque le handicap. Le président de l'association a informé du « lancement du recensement des myopathes en Algérie et la création d'un fichier national des malades neuromusculaires pour leur assurer un meilleur traitement et surtout de diagnostiquer leur maladie », sachant que cette affection entraîne un handicap physique croissant et une paralysie évolutive d'une extrême gravité. Il plaidera aussi pour la conjugaison des efforts pour aider les patients concernés.Souhil Bougherra, représentant son frère Madjid, l'ex-international de l'équipe nationale de football, s'est dit prêt à « travailler davantage en réseau pour aider à solutionner les problèmes ». Selon lui, « le réseau est déterminant mais il faut le coordonner de façon savante ». Il rappellera l'engagement de la Fondation Madjid-Bougherra qui « continue à offrir des fauteuils, à promouvoir ensemble cette valeur d'entraide et de solidarité, en complément de ce que fait l'Etat pour cette catégorie de la population ». De son côté, le président de la Fédération nationale des associations et expert consultant dans la prévention de proximité, Abdelkrim Abidat, a évoqué un autre facteur des handicaps. Il s'agit des accidents de la route dont le facteur humain est responsable dans 90% des cas. Selon Abidat, « pour les dix premiers mois de l'année en cours, 22.950 accidents ont été enregistrés provoquant la mort de 3.164 personnes et 35.000 blessés dont 592 handicapées à vie ». Pour l'orateur, les personnes impliquées dans ces sinistres sont les jeunes de la tranche d'âge de 20-35 ans. « Ce sont des gens inconscients qui ne respectent pas le code de la route, ne tiennent pas compte de la limitation de la vitesse et se rendent coupables de dépassements dangereux. » Abidat incrimine aussi l'utilisation du téléphone, l'installation de la DVD dans les véhicules et les cars, l'alcoolisme, la drogue et la fatigue. Appelant à faire de l'année 2017, « une année de la paix et de la sécurité routière », Abidat a dévoilé une affiche destinée à sensibiliser sur « le terrorisme routier ». Un million d'affiches seront distribuées aux conducteurs. Les parents d'enfants myopathes ayant pris part à cette conférence ont tenu à dénoncer, de leur côté, la précarité des conditions sociales dont souffrent leurs enfants.Dans son intervention, une mère de trois enfants myopathes a relevé l'absence d'une prise en charge psychologique des malades pour faire face à la douleur. Une autre maman d'une fille myopathe qui a obtenu son baccalauréat série mathématiques avec une moyenne de 16/20, a fait savoir avec amertume l'impossibilité pour sa fille de continuer ses études supérieures en raison de l'inaccessibilité des salles de cours à l'université. « Inscrite à la Faculté centrale, après une semaine de cours, elle a refusé d'y retourner faute d'accessibilité aux classes. Aujourd'hui, elle se retrouve confinée à la maison », témoigne-t-elle.