Ce lundi 25 novembre, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, la Grande Mosquée de Paris a accueilli une journée d'étude consacrée à ce fléau mondial. Sous l'égide du recteur Chems-Eddine Hafiz. Cet événement a rassemblé des penseurs, des spécialistes, des acteurs sociaux, et des représentants de diverses traditions religieuses pour une réflexion collective autour de cette problématique sociétale urgente. Quatre tables rondes ont structuré la journée, chacune explorant des dimensions spécifiques de la lutte contre les violences faites aux femmes. Ces échanges constructifs ont permis d'aborder les causes, les conséquences et les réponses à ce phénomène alarmant. Un fléau aux chiffres sidérants
Dans son allocution, le recteur Chems-Eddine Hafiz a souligné la gravité de la situation précisant que : « Le sujet est extrêmement grave, il mérite une considération de toutes les composantes de la société et de toutes les instances. » Les chiffres évoqués par monsieur le recteur sont édifiants : « En France, 100 femmes ont perdu la vie cette année sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, soit une femme tuée tous les trois jours. À l'échelle mondiale, chaque année, 50 000 femmes et filles sont victimes de violences mortelles au sein de leur propre famille », a-t-il avancé. Le recteur a rappelé que l'Islam, loin des clichés, a toujours accordé une place éminente aux femmes : « L'Islam a élevé la place des femmes, en faisant d'elles des sujets spirituels et des sujets de droit. Notre Noble Coran accorde une place prépondérante aux femmes. Il est essentiel de rappeler ces vérités en permanence», a-t-il ajouté. En clôturant son discours, il a rendu hommage aux victimes silencieuses, celles qui souffrent dans l'ombre, incapables de parler ou de se défendre. Une matinée consacrée aux dialogues religieux et sociaux
Les discussions ont été enrichies par quatre tables rondes où des spécialistes et des penseurs de divers horizons ont partagé leurs analyses. Le premier débat matinal a rassemblé des intervenants aux perspectives variées sur la place des femmes dans les traditions religieuses. S'ur Christina Weinhold a souligné l'engagement du protestantisme en faveur de l'égalité des genres dans les responsabilités spirituelles et institutionnelles. Minh-Tri VO a présenté la vision égalitaire du bouddhisme, insistant sur l'universalité de l'éveil accessible à tous. Le cheikh Younes et cheikh Rachid ont mis en avant l'honneur et l'importance accordés à la femme dans l'Islam à chaque étape de sa vie, tandis que Père Antoine Guggenheim a insisté sur le rôle des valeurs religieuses pour corriger les injustices sociales envers les femmes. Enfin, le Rabbin Gabriel Hagaï a évoqué la Torah, qui fonde les relations homme-femme sur l'égalité, la différence et la complémentarité. Ce débat a permis de mettre en lumière des approches diverses mais convergentes en faveur de l'équité et du respect. La matinée s'est conclue par une deuxième table ronde, intitulée « Les femmes en Islam : comment éclairer le passé et le présent ? », a réuni des intervenants de renom. Parmi eux figuraient Kahina Bahloul, islamologue, BoumédièneBenyahia, consultant en islamologie, François Euvé, professeur de théologie, Karima Berger, écrivaine, Marek Halter, écrivain, ainsi que le cheikh Abdelali Mamoun, imam, et Kalthoum Saafi, islamologue. Les discussions ont porté sur la place centrale qu'occupe la femme dans les textes islamiques, mais aussi sur les enjeux contemporains liés à son rôle dans la société. Chaque intervenant a apporté une perspective unique, mêlant analyse historique, réflexion théologique et approche littéraire, afin de mettre en lumière les défis et les espoirs pour l'avenir des femmes dans le monde musulman. Réflexions sur l'accompagnement et évolution législative
L'après-midi de la journée d'études a été marquée par deux tables rondes essentielles, mettant en lumière les défis liés aux violences faites aux femmes et les mécanismes d'accompagnement. La troisième table ronde, intitulée « Identifier, aider, en parler : quelles sont les réalités de l'accompagnement des femmes victimes de violences multiples ? », a réuni des experts pour discuter des pratiques d'accompagnement des femmes en situation de violence. Cosette Fébrissy, psychologue clinicienne, a abordé les défis et les conséquences psychologiques rencontrés par les victimes, tandis que Maud Gelly, directrice médicale à l'hôpital de Vincennes, a souligné l'importance de la prise en charge médicale, précisant qu'une femme sur dix a subi des violences conjugales au cours des douze derniers mois. Gada Hatem, gynécologue-obstétricienne et fondatrice de la Maison des Femmes, a partagé son expérience dans la création d'un espace dédié à l'accueil des femmes victimes de violences, insistant sur la nécessité d'un accompagnement collectif et de l'implication de tous. Malika Madani, aide-soignante et conseillère en victimologie, a évoqué les stratégies d'écoute et de soutien direct aux victimes, mettant en lumière les difficultés rencontrées et les réussites obtenues dans ce domaine. Le quatrième débat, consacré à la question de l'évolution législative sous le thème « Violences faites aux femmes : la loi évolue-t-elle assez vite ? », a réuni plusieurs intervenants de renom. Dominique Attias, avocate et présidente du conseil d'administration de la Fondation des avocats européens, a exposé les avancées juridiques tout en soulignant les insuffisances encore présentes. Fatiha Keloua-Hachi, députée et présidente de la commission des affaires culturelles et de l'éducation, a évoqué les luttes pour une redéfinition du viol et une meilleure protection des victimes, en appelant à l'élaboration d'une « loi-cadre » capable d'englober toutes les réalités des violences faites aux femmes. Susan H. Perry, professeure et vice-présidente de la CNCDH, a précisé que, bien que de nombreuses lois existent une vingtaine de textes encadrant notamment les cyberviolences leur application reste insuffisante. Elle a mis en lumière l'impact du téléphone portable, qu'elle qualifie d'arme psychologique puissante dans les cas de violences, en soulignant que le numérique confère à l'agresseur un sentiment d'impunité. Enfin, Hanane Romhane, magistrate, a partagé son point de vue sur le traitement des affaires de violences, en insistant sur la complexité de ces situations et sur les défis auxquels sont confrontés les acteurs judiciaires.
Ces deux tables rondes ont permis de réfléchir à la fois sur les réalités vécues par les victimes et sur les moyens législatifs pour les protéger, en appelant à une action plus rapide et plus coordonnée. Lors de cette journée d'échanges, la voix de Djaïla Amadou Amal, écrivaine engagée, a résonné avec force. À travers son témoignage autour de la « Violences faites aux femmes, une violation des droits de l'homme », Elle a porté son vécu poignant avec une force bouleversante, transformant sa douleur en un appel universel à la défense des droits humains.elle a, également mis en lumière les réalités amères vécues par elle et par des milliers de femmes dans le monde. Avec des mots empreints de sensibilité et de vérité, elle a rappelé que les violences faites aux femmes ne sont pas seulement des actes individuels, mais une atteinte universelle aux droits fondamentaux. Ce plaidoyer vibrant a souligné l'urgence d'agir pour protéger les victimes et transformer les mentalités. Un témoignage émouvant, empreint de vérité et d'espoir, nous rappelle que lutter contre les violences faites aux femmes, c'est défendre les droits humains dans leur essence la plus universelle.
Nacera Benamra
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Posté Le : 28/11/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rédaction LNR
Source : www.lnr-dz.com