Algérie

Un ancien patron de l?antiterrorisme français Al Qaïda Maghreb n?a pas de direction unifiée



Un ancien responsable français de l?antiterrorisme se montre très réservé sur la réalité d?un commandement unifié d?Al Qaïda au Maghreb. Louis Caprioli se garde d?accorder du crédit aux affirmations - islamistes et médiatiques - selon lesquelles le mouvement d?»Al Qaïda au Maghreb islamique» obéit à une même structure organique. «Je n?en suis pas convaincu», a-t-il dit, sur un ton affirmatif, dans une interview publiée par l?hebdomadaire «Jeune Afrique» dans son édition d?hier. Et de souligner que l?entité qui s?est présentée à l?automne 2006 comme une déclinaison d?Al Qaïda au Maghreb est, à sa connaissance, dénuée de «stratégie globale». Familier de ces questions, Caprioli a assumé, entre 1998 et 2004, les fonctions de directeur-adjoint à la Direction de la surveillance du territoire (DST) en charge du terrorisme. Une responsabilité qui l?a érigé, de fait, comme patron de la lutte antiterroriste en France à une période cruciale : menaces à répétition contre l?Hexagone, démantèlement de filières et les effets du 11 septembre. Son parcours l?a amené à s?intéresser de très près aux réseaux islamistes en Europe et au Maghreb. Retiré de la DST - qui vient de fusionner avec les Renseignements généraux (RG) -, Louis Caprioli s?est reconverti au consulting de sécurité dans le privé. Le spécialiste de l?antiterrorisme observe que les effectifs du GSPC se sont nourris effectivement de recrues tunisiennes, libyennes et marocaines. Mais ce brassage humain ne suffit pas à conférer au groupe salafiste une configuration aux allures maghrébines. Argument avancé par l?ex-chef du contre-espionnage français : «la mouvance terroriste tunisienne, dont une partie était basée dans l?est de l?Algérie, a été éradiquée en décembre 2006 et janvier 2007. Et le Groupe islamique combattant marocain (GICM) est très fragmenté depuis les arrestations du début de cette année». L?hypothèse d?une stratégie terroriste maghrébine ne semble pas tenir la route à ses yeux. A preuve, argue-t-il en guise de seconde explication, aucun des attentats perpétrés jusqu?à présent au Maroc n?a été revendiqué par «Al Qaïda au Maghreb». Selon Caprioli, l?allégeance du GSPC à Al Qaïda, suivie de son adoubement, le 11 septembre 2006, par Ayman Zawahiri, ont dopé une mouvance agonisante. A peine installé dans les habits du chef à la place de Nabil Sahraoui, Droudkal «a eu l?intuition qu?il lui fallait rattacher son organisation à la mouvance internationaliste». Ce faisant, il est parvenu à «éviter l?effondrement total de son organisation en lui donnant une nouvelle impulsion internationale». Au rang des modes opératoires retenus dans cette quête à la visibilité internationale, la multiplication des attentats contre les étrangers. Plusieurs d?entre eux ont été ciblés ces derniers mois sur fond de menaces répétées contre les intérêts occidentaux au Maghreb. En témoigne le récent appel de Ayman Zawahiri à s?en prendre aux «fils de Français et d?Espagnols» dans les pays de la région. Faut-il en conclure une perspective sécuritaire aggravée, avec le risque d?une vague d?attentats contre les étrangers ? L?ancien patron de l?antiterrorisme hexagonal y croit. «Je pense qu?il y a des risques», notant, au passage, que les «services algériens ont montré qu?ils pouvaient anticiper ces opérations».
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