Algérie

Un ancien membre du comité exécutif répond



Un ancien membre du comité exécutif répond
Sans entrer dans les détails qui ont fait prévaloir en 1955 l'Ugema sur l'Ugea et que l'on trouvera largement exposés par les membres fondateurs de l'Ugea dans le livre de Klement Henry Moore L'Ugema 1955-1962 : témoignages, il est utile de souligner que l'Unef a combattu, dès le début, la reconnaissance de l'Ugema par les instances internationales étudiantes (CIC-Cosec) en tant qu'entité nationale algérienne, reconnaissance que nous avons arrachée en 1956 à Colombo. Il est vrai que les étudiants algériens étaient nombreux en France participant au sein des assemblées générales d'étudiants des différentes universités, sans avoir été jamais membres de l'Unef. Ce n'est que du bout des lèvres que l'Unef a accepté la naissance de l'Ugema.À notre congrès constitutif en juillet 1955, le vice-président de l'Unef, Chapuis, n'a pas manqué de nous dire : "Vous allez demain accomplir un geste lourd de conséquences, vous allez prendre des responsabilités importantes devant le peuple algérien et le peuple français et je ne doute pas que vous en soyez conscients."Oui, nous avions conscience que notre survie n'était réalisable que par l'anéantissement du colonialisme et, tout au long de la lutte, cet axiome était notre seul guide.L'Unef nous a, de tout temps, reproché d'être constamment derrière le FLN et de le reconnaître comme le seul élément moteur. Entre "la majorité" et les "minorités" au sein des dirigeants de l'Unef, nous maintenions toujours notre cap, finissant par être dissous, en tant qu'organisation nationale étudiante, le 28 janvier 1958. L'Unef, certes, nous soutenait mais bien timidement.Après les événements de Hongrie, d'octobre 1956, l'Unef n'avait pas manqué d'apporter son soutien aux étudiants hongrois, amenant l'Ugema à rompre ses relations avec l'Unef. L'appel d'Alger du 19 Mai 1956, émanant de notre section d'Alger et appelant à la grève illimitée des cours et des examens, appel confirmé le 26 Mai 1956 par le comité directeur de l'Ugema, fut le "casus belli" entre nos deux organisations. La rupture était consommée. En signe de solidarité avec l'Ugema, l'ensemble des organisations étudiantes en France (Uget, Unem, Aemna et surtout la Feanf, représentant l'ensemble des étudiants d'Afrique noire en France) ont rompu leurs relations avec l'Unef. Si on ajoute la conférence de Londres d'avril 1958, la désignation du 24 avril comme journée internationale contre le colonialisme aura pour conséquence l'isolement de l'Unef sur le plan international, l'obligeant ainsi à chercher par tous les moyens à renouer ses relations avec l'Ugema.C'est ce qui finit par arriver le 21 juin 1961 après que l'Unef eut reconnu que "la seule façon de mettre un terme à la guerre d'Algérie devait passer par des négociations avec le GPRA, négociations supposant l'intégrité du territoire algérien". Nous sommes ainsi parvenus à notre but initial envers et contre tout.Mahfoud AoufiAncien membre du comité exécutif de l'UGEMA




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