Pour pouvoir avoir accès au foncier, le réseau fait bénéficier de documents administratifs même aux personnes étrangères.Pour Chenani Ourzig, notable de l'Ahaggar et ancien P/APC de Tamanrasset, les informations judiciaires ouvertes sur le détournement de foncier par les parquets de la wilaya renseignent sur l'ampleur de ce phénomène se mesurant à la célérité avec laquelle sont érigées les habitations illicites, mais surtout l'excroissance urbaine qui affecte profondément la capitale du tourisme saharien.
Pour lui, les lois de la Républiques n'ont jamais été appliquées dans cette wilaya qui fait face à une dilapidation effrénée de foncier relevant du domaine public. À 83 ans, Chennani garde toujours en tête les repères de cette région qui serait livrée, laxisme des autorités aidant, à une mafia qui ne dit pas son nom.
À l'époque de l'Amenokal Bey Ag Akhamouk, l'Ahaggar n'a jamais connu une telle métastase, affirme-t-il, en précisant que la justice de l'autorité traditionnelle parvenait à chaque fois à remettre de l'ordre dans l'Ahaggar, lequel est composé de 13 tribus. Il s'agit de Kel-Ghella, de Taïtok, de Deg-Ghali, d'Issakmaren, d'At-Walayen, d'Iklan-Toussit, de Kel-Ahnet, d'Ikoutissen, de Kel-Ouhat, de Teg-Ahanafis, d'Eregnaten, d'Ebetnaten et de Kel-Agountihli.
"Ces tribus obéissaient, toutes, aux instructions de leur chef spirituel qui veillait, à son tour, à la sécurité des Touareg en leur assurant un climat de cohabitation favorable à leur mode de vie et aux systèmes de gestion en communion avec les accords intellectuels, spirituels et religieux entretenus dans la société où ils évoluent.
Cela ne reste qu'un souvenir, au vu de ce qui se passe dans la région", regrette l'octogénaire qui dénonce "une corruption à grande échelle, à tel point que l'on assiste à des régularisations administratives douteuses au profit de plusieurs familles d'origine étrangère. Nul besoin de dire que les autorités locales sont complices dans ce crime administratif.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ces mêmes familles détiennent des milliers d'hectares leur permettant de se lancer aisément dans le marché de l'immobilier sans qu'elles soient inquiétées. Et ce n'est un secret pour personne". Avant, nous confie notre interlocuteur, il existait une commission chargée d'étudier scrupuleusement les demandes de régularisation des personnes inscrites sur le registre des "omis d'état civil". La régularisation intervenait, rappelle-t-il, après consultations et concertation avec les chefs de toutes les tribus concernées.
La commission, que présidait Chenani, comprenait des membres dont le vénérable Mahmoud Elouaar et autres fervents nationalistes qui disent avoir mené une bataille sans merci contre de vulgaires arrivistes, a réussi ainsi à assainir le dossier des omis d'état civil. À la fin de son mandat et après sa mise à la retraite, le dossier s'ouvre de nouveau avec un nombre de demandeurs, de surcroît plus élevé. "Le nombre révélé prête sérieusement à spéculation.
La corruption sent à plein nez. Après mon départ de la mairie de Tamanrasset, j'ai pris connaissance des dépassements enregistrés. C'est scandaleux", tempête Chenani en mettant en garde contre les concessions de terrains accordés sous le manteau aux étrangers naturalisés frauduleusement. Rappelons qu'en mai 2019, les services de la gendarmerie de Tamanrasset ont neutralisé six personnes impliquées dans une affaire de corruption et de falsification de documents d'état civil.
Les personnes mises en cause, à savoir un magistrat près le tribunal administratif, une employée à l'annexe de l'APC de Tahaggart et son époux, ainsi que trois autres agents communaux de l'APC de Tamanrasset chargés des services d'actes de mariage et de naissances, auraient usé de faux pour l'établissement et la délivrance de documents d'état civil au profit de personnes de nationalité étrangère, moyennant des sommes d'argent.
L'enquête s'est étendue à plusieurs employés de l'APC qui ont également été auditionnés par le procureur dans le cadre de cette affaire qui aura révélé les noms des autres personnes activant pour le compte de ce même réseau.
RABAH KARECHE
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Posté Le : 14/06/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rabah KARECHE
Source : www.liberte-algerie.com