Algérie

Un amendement, puis le code...



Un amendement, puis le code...
Le 8 mars de cette année est un peu moins routinier et coutumier que celui des années précédentes. Tout ce qui apporte l'innovation est bon à prendre et les femmes algériennes, si elles n'ont pas de quoi être comblées par l'amendement du code pénal, n'ont pas de raison de refuser ce cadeau du pouvoir. En espérant qu'il n'ira pas rejoindre le placard des v?ux pieux qui les ont endormies pendant des décennies. Si on admet qu'il n'y a pas de raison que l'homme ne soit pas, lui aussi, la moitié de sa (douce) moitié, mais sans qu'il descende à un quart de la valeur de cette dernière, alors tout le monde doit être content des nouvelles dispositions pénales criminalisant les violences conjugales.Mais, il fallait s'y attendre, l'encre du projet soumis aux députés n'avait pas encore séché qu'entre quolibets et diatribes violentes, l'amendement juridique était érigé en marqueur, rouge pour les uns, vert pour les autres. À chacun sa cible, quoi. Mais à en juger par les cibles des tirs des islamistes, pour une fois les «laïcs», «Moulhidine», «Hizb frança»... sont moins dans leur viseur. Cible prioritaire désormais, les Salafistes dits «Madkhaliyine» (du nom de leur cheikh-référent saoudien) ou se revendiquant de Ferkous et Hamadache et à qui il est reproché de garder le silence face à cette «provocation» (amendement pénal) du pouvoir. Le reproche comporte, bien entendu, un sous-entendu. Les Salafistes, les vrais, seront à l'avenir mieux défendus par les «Laïcs» que par les tenants de l'islamisme politique. Les premiers reconnaissent à un musulman le droit d'avoir une pratique religieuse intégraliste ou fondamentaliste, les seconds ne le voient qu'avec une barbe hirsute, un couteau entre les dents et en guerre contre les sociétés et les pouvoirs.Par contre, loin des partis pris politiques et idéologiques, de nombreux Algériens et Algériennes s'interrogent sur la difficulté de fonder une accusation relativement à un conflit conjugal assorti de violence physique. S'il faut des témoignages identiques à ceux exigés pour prouver un adultère, ça ne va pas être facile du tout. Auprès de qui et par quels moyens une jeune fille, harcelée sexuellement dans la rue, déposera-t-elle plainte ' Pour que la plainte soit recevable, la filiation de l'agresseur doit-elle être citée ' A moins de mettre en place des brigades de police en civil dédiées à la répression du harcèlement des femmes...Le débat, de toute façon, ne risque pas de se clore de sitôt. Il y a de fortes chances que le prochain chantier qui s'ouvrira sur le thème de la protection des droits des femmes soit celui de la révision du code de la famille, annoncé par le président Bouteflika. Dans son message lu à l'occasion de la célébration de la Journée des droits des femmes, le chef de l'Etat déclare avoir «donné l'ordre au gouvernement» de s'atteler à un projet de révision du texte qui régit la famille et le statut personnel, en particulier pour préserver et garantir les droits des femmes confrontées au divorce.On ignore l'agenda précis de ces projets modificatifs, mais talonnant de près le projet de révision de la Constitution, en attente d'être soumis au Parlement, ils semblent être des éléments d'un puzzle plus grand. Celui d'un enrichissement du corpus législatif algérien et surtout de sa mise à niveau ' Quelle en est alors l'intention politique 'A. S.




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