Le ciel est tombé sur la tête de Salah Eddine Berkoune lorsqu'en 2006, il a été arrêté par les brigades antiterroristes sous l´inculpation de «soutien aux activités de terrorisme», à la Costa del Sol où il menait une vie paisible avec sa famille.
Trois ans après, la vie de cet Algérien d´âge mûr, père de famille sans histoire, connu de tous pour sa charité envers ses compatriotes démunis et même les associations caritatives chrétiennes, est tout simplement brisé à jamais.
Salah Eddine n'a jamais fait partie d'aucune association religieuse.
Pourtant, sa générosité du c'ur lui vaudra d´être placé pendant trois ans et demi dans le secret le plus total de prison en prison en Espagne. Ainsi en a décidé le juge célèbre juge Del Olmo, chargé des affaires de terrorisme auprès de l´Audience nationale, la plus haute juridiction pénale espagnole.
Le magistrat comme le procureur resteront sourds aux démarches des services consulaires et aux recours introduits par l´avocat de l´ambassade d´Algérie à Madrid pour obtenir sa remise en liberté et celle de nombreux autres ressortissants algériens, également victimes d'abus répétés de la machine judiciaire espagnole. Ni le juge ni le procureur ne reconsidéreront leur intransigeance, même lorsqu´ils auront sous le nez la preuve, contrairement à leurs accusations, que le Parquet algérien n´avait rien contre Salah Eddine Berkoune.
Un casier judiciaire blanc !
Puis un beau jour, «la porte de la prison s´ouvre devant moi et le policier me dit simplement et sans autre forme d´explications : «Sors». Dans un long entretien avec un journaliste du quotidien El Mundo, il raconte son calvaire à la prison Soto del Real, localité située au nord de Madrid.
Encore sous le choc, Salah Eddine confie que sa mise au secret lui faisait envier le sort des prisonniers de Guantanamo. «Eux avaient au moins la chance de voir le ciel.» Mais il y a plus grave encore que la réparation morale et judiciaire, combat qu´il mène face au mur judiciaire qui l´a obligé à recourir aux médias.
«Mon commerce a brûlé, ma femme m'a quitté et mon fils me traite de moro»
«J´ai tout perdu à ma sortie de prison : mon commerce a brûlé, ma femme (espagnole) avait demandé le divorce pendant que j´étais dans l´obscurité de la vie la plus totale et alors que les autorités espagnoles me présentaient à la télévision et sur les chaînes de radio comme un terroriste.»
L´attitude de son fils, vraisemblablement victime de ce battage médiatique et du «travail» psychologique de la mère espagnole, le fait saigner : «Mon propre fils me traite de moro», l´équivalent de «péquenaud», vocable de caractère raciste largement utilisé en Espagne pour désigner les Arabes.
El Mundo s´est rapproché du professeur de droit pénal, Pontificia Commillas, pour tenter de comprendre le pourquoi de cet acharnement judiciaire contre un innocent. Réponse du juriste universitaire : «L´Etat de droit préfère se tromper en maintenant en détention un innocent que de laisser un coupable en liberté», ajoutant que «dans le cas des erreurs judiciaires il doit y avoir indemnisations».
Récemment, l´Etat espagnol avait versé 200 000 euros à un ressortissant algérien qui avait fait des années de prison pour fausse accusation sans preuves de soutien au terrorisme avant que soit prononcé le «non-lieu» en sa faveur. Or, ils sont des dizaines de compatriotes qui n´auront pas cette chance, trop heureux sans doute de recouvrer leur liberté.
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Posté Le : 28/05/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H A
Source : www.letempsdz.com