Pour les milliers d'Oranais qui ont suivi la rencontre du Caire
d'avant-hier, la JSK ne représentait pas la région de Kabylie mais toute
l'Algérie. Coïncidant avec l'après rupture du jeûne, ce match a été suivi sur
les terrasses de cafés. Certes, ceux qui ont suivi la rencontre n'ont pas entonné
le fameux «one, two, three, Viva l'Algérie» mais ils étaient persuadés que la
JSK défendait les couleurs nationales et non celles d'une ville ou d'une
région. Le fait que les enfants de Moubarak se sont affichés publiquement avec
le club cairote a probablement ressuscité les souvenirs de la crise d'Oum
Dorman et ses polémiques. Pour les Oranais qui ont soutenu les Canaris, les
particularités et rivalités régionales se sont carrément estompées, ne
serait-ce que le temps d'une rencontre. Le nul arraché par le représentant du
football algérien dans la compétition africaine a été accueilli comme une
victoire par les Oranais. Précisons que la plupart de ceux qui se sont mis sur
les terrasses de cafés ont été des adultes : des jeunes hommes ou des personnes
d'âge mûr. Donc plus retenus. C'est ce qui explique peut-être l'absence
d'explosion de joie sur la place publique. Mais à ne pas se méprendre. De temps
à autre, les commentaires des téléspectateurs oranais dénotaient une certaine
lucidité. Certains ne se sont pas empêchés de faire des comparaisons entre les
choix tactiques et stratégiques du coach des Canaris et ceux de l'équipe
nationale. L'occasion a été mise à profit pour contester ceux de Saâdane,
toujours considéré comme le premier responsable de la piètre performance de
l'Algérie lors de la dernière Coupe du Monde. D'ailleurs, d'autres sont partis
beaucoup plus loin.
Cette rencontre rappelait drôlement celle du Caire entre l'Egypte et
l'équipe nationale, notamment à cause de la prédominance de la couleur rouge
sur les tribunes du stade. Donc, le nul arraché par les «nôtres» a été reçu
comme une revanche. L'attitude de l'arbitre qui a exhibé son carton rouge à
l'endroit d'un attaquant de la JSK, privant cette dernière d'un joueur avant la
fin de la première mi-temps, n'a fait que renforcer ce sentiment de revanche.
Sentant que les leurs ont subi une injustice sur un terrain qui ne leur a pas
caché leur hostilité, les téléspectateurs se sont remémoré les mésaventures du
onze national au Caire. Ce souvenir ne pouvait qu'effacer les particularismes
pouvant exister entre deux régions. Dans ce cadre, un ex-haut cadre de l'Etat
dira: «Au fait, le régionalisme est le fait des hauts responsables et non du
peuple». Situant les commentaires sur un registre politique, un autre dira:
«Quand il n'y a pas d'interférences notamment émanant des autorités centrales,
les Algériens donnent le meilleur d'eux-mêmes». Sans être trop expansifs, les
Oranais ont reçu le succès (un nul arraché sur un terrain très hostile) de la JSK
comme leur propre victoire. Ou plutôt comme la victoire de toute une nation.
Parce que les Oranais, comme le reste des Algériens, ont un grand besoin de
succès… et de joie.
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Posté Le : 31/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ziad Salah
Source : www.lequotidien-oran.com