Algérie

Un air de campagne d’après-Bouteflika



Un air de campagne d’après-Bouteflika
On pouvait croire qu’en paraphrasant Giscard d’Estaing sur la présidence de la République comme “la rencontre d’un homme avec son destin”, Ouyahia voulait exprimer qu’il n’était ni pour ni contre sa candidature.
Mais, quand, le lendemain, l’agence de presse officielle titrait qu’“Ouyahia n’écarte pas sa candidature à la présidentielle 2014”, il devient certain qu’une partie des conditions requises par cette option est déjà réunie. La première étant qu’un quatrième mandat de Bouteflika soit, pour une raison ou pour une autre, définitivement exclu. Cette donnée, nécessaire, n’est pas suffisante.
Son élection dépendra alors des conditions politiques de l’heure : l’Algérie aura-t-elle, à ce moment-là, fait sa mue démocratique ou en sera-t-elle au système actuel qui fait que les questions qui concernent le destin soient encore aux mains d’une junte de décideurs ?
Dans le premier cas, la question de la candidature d’Ouyahia ou de n’importe quel prétendant ne se pose pas, la volonté populaire ayant acquis la souveraineté du choix de ses dirigeants. Dans le second cas, plus probable, l’actuel Premier ministre devra acquérir le quitus de “candidat du consensus”, comme on disait en 1999, avant que l’état n’organise son “élection”.
Si le pouvoir réel juge qu’une autre personnalité convient mieux à l’étape historique du système et le lui préfère, il continuera “à servir l’Algérie”, comme il aime à le dire. Et servir l’Algérie, de son point de vue, ne peut se faire que dans le régime, à la place qui lui est impartie.
D’une certaine manière, Ouyahia ne nous a rien appris dans son intervention télévisée de mercredi, sinon sur le départ de Bouteflika, devenu certain pour 2014 et très probable pour avant.
Et si l’actuel président devait partir avant la fin de son troisième mandat, ce sera nécessairement parce que la survie du système le commande. Les réformes constitutionnelles, répétitivement évoquées ces derniers temps, comme les possibles élections anticipées à devancer d’éventuels mouvements populaires de remise en cause du régime.
Dans ce contexte de veille, Ouyahia, pourtant habitué à défendre le bilan du pouvoir, sans la moindre concession, exprime soudain quelques regrets : concernant l’échec de la politique économique, les largesses sociales aventureuses parce que sans contrepartie productive, la perte d’autorité de l’état face à la mafia des finances et du commerce informel et l’impuissance à maîtriser le problème du logement. Lui qui, dans “l’intérêt du pays”, pouvait être aussi résolu éradicateur qu’intraitable réconciliateur, prend des distances avec les erreurs du “chef” de maison.
Cette désolidarisation du bout des lèvres d’avec le Président augure de ce que sera la campagne pour “le changement” : mettre tout sur le dos de l’autoritarisme personnel du Président sortant. Et celui qui, depuis douze ans, symbolise “l’état fort” incarnera bientôt la déliquescence d’un état otage des chantages des islamistes et des affairistes.
Il reste à savoir si, entre-temps, et comme cela se passe dans les autres pays de la région, la souveraineté aura été récupérée par le peuple ou si le système aura, encore une fois, tout le loisir de se remaquiller et de perdurer. La question du prochain président deviendra alors dérisoire. Le pire sera alors à venir. Et pas forcément “le moins pire”.




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