Algérie

Un Aïd sans eau et sans électricité



Après avoir supporté trois semaines sans aucune goutte d'eau dans leurs robinets, les habitants de Bouzeguène se sont vus contraints, à leur grand désarroi, de passer l'Aïd avec les robinets à sec. "Trop, c'est trop !", nous ont indiqué des villageois qui ont passé l'Aïd devant la fontaine d'Assif Oussardoun à attendre leur tour pour remplir leurs jerricans. Devant cette fontaine, l'une des rares dans la région à disposer encore d'eau potable, une cinquantaine de voitures étaient stationnées. Chacun attendait son tour, à l'ombre des arbres et d'un pont datant de l'époque coloniale. La colère se lisait sur tous les visages, et chacun tentait de garder son sang-froid et de ne pas déraper, surtout durant un jour de fête. Le silence est lugubre, on n'entend que le bruit des bidons et de l'eau. De temps à autre des "saluts" et des souhaits de bonne fête, une fête à laquelle le c?ur ne semblait pas être. Une fois les deux ou trois jerricans remplis, on s'esquive en catimini. Une femme, se parlant à elle-même, marmonne à voix basse : "Enfin, j'ai de quoi cuisiner et se laver pour une journée." D'autres villageois préfèrent faire la tournée à travers les villages disposant de fontaines pour s'en approvisionner. "Ce n'est pas facile d'entrer dans un village pour quémander de l'eau avec toutes les traditions qui caractérisent la vie sociale kabyle. Mais nous n'avons plus le choix", nous dira un habitant de retour d'un village mitoyen. Bouzeguène, où la population a déjà procédé la semaine dernière à la fermeture des sièges de la daïra, de l'APC et d'autres institutions, souffre de la même situation déjà vécue durant l'été 2017. Mais durant cette fête de l'Aïd, la situation a été davantage compliquée tant la population a été également confrontée à un autre problème, à savoir les coupures d'électricité.Ces coupures ont commencé avant l'Aïd pour se poursuivre, jour et nuit, durant les deux jours du sacrifice. Ainsi, de nombreux habitants se plaignent de voir putréfiés leurs denrées alimentaires fragiles, viande et autres produits laitiers, et aussi leur matériel électroménager tomber en panne. Au chef-lieu de la commune de Bouzeguène, les habitants étaient également confrontés au problème des odeurs nauséabondes qui proviennent des eaux stagnantes des assainissements qui se sont accumulées sous les deux ponts situés de part et d'autre de la ville. Tous les rejets des assainissements ont leur point de chute dans ces cours d'eau asséchés.
Les villageois ont protesté à maintes reprises, en vain. Désormais, ils craignent même de voir le problème s'aggraver avec les cross connections.
KAMEL NATH OUKACI


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