A la veille de l'Aïd, à Tizi Ouzou, les préparatifs vont bon train. Les achats occupent le devant de la scène dans tous les ménages.Des cadeaux pour les enfants, des vêtements, des fruits et légumes, mais tout le monde n'oublie pas le mouton absent à cause de son prix inaccessible. Nostalgique du mouton, la population a, cette année, un motif de plus pour voir la fête être gâchée.En effet, la région, en l'espace de deux semaines avant l'Aïd, a connu deux drames. L'assassinat d'un touriste français par des terroristes et la mort d'un joueur étranger, l'attaquant de la JSK, le Camerounais Albert Ebossé. Cette année donc, les populations locales célèbrent cette fête religieuse avec un goût d'amertume. La tristesse accompagne les festivités malgré la volonté d'oublier et de passer à autre chose.Bon gré, mal gré, les gens vont au marché. Hier déjà, la majorité des ménages s'était fixée sur la somme d'argent à consacrer aux achats divers.Les vêtements pour enfants sont hors de portée comme l'atteste la plupart des personnes interrogées au niveau des marchés. «Cette année, j'ai décidé de ne plus me faire avoir par les commerçants. L'essentiel des achats je l'ai fait avant l'Aïd de quelques semaines. Je n'ai plus qu'à acheter les fruits et légumes nécessaires pour quelques jours», fait remarquer un vieil homme au marché de Draâ Ben Khedda.Quelques familles rencontrées au niveau du marché des fruits et légumes de la même ville sont venues, par contre, en quête de prix favorables.Le lieu est réputé pour les prix compétitifs qui y sont pratiqués. «Je viens toujours faire mes achats dans ce marché. Mais cette année, je constate que les commerçants ont aligné leurs prix sur ceux des autres marchés. En tout cas, moi, je n'achète pas grand-chose. J'ai tout acheté», affirme un père de famille accompagné de ses enfants.Sur les places publiques comme les cafés, les gens en parlent, mais il n'en demeure pas moins que l'actualité locale est dominante. Les tristes évènements qu'a connus récemment la wilaya de Tizi Ouzou ne sont pas près d'être oubliés. «Parler de l'Aïd et de joie dans cette conjoncture relève du cynisme. Après nos morts, voici des étrangers qui meurent à nos portes. De quel Aïd parlez-vous'» s'interroge un citoyen révolté par ce qui se passe. «Ça fait longtemps qu'il n'y a plus d'Aïd chez nous. Nous faisons semblant de l'oublier, mais la réalité est là, où est la fête lorsque des enfants ont perdu leurs parents tués par des bombes ou assassinés par des hordes terroristes. Le jour de l'Aïd, seuls les enfants peuvent partager la tristesse de leurs amis qui ont perdu leurs parents. Nous les grands, on a perdu cette faculté», dit sagement un vieux.Par ailleurs, hier, sur les marchés, le mouton était la dernière vedette. Les vendeurs se pavanaient avec leurs accompagnateurs, les moutons, sans grand-monde pour acheter. D'autres vendeurs ont carrément déserté les marchés pour aller à la quête des acheteurs jusque devant leurs maisons. «Je n'achète pas à 4 millions de centimes, je préfère acheter des briques pour construire un toit», répond, ironiquement, Saïd au vendeur ambulant de mouton.
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Posté Le : 02/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel BOUDJADI
Source : www.lexpressiondz.com