Algérie

Un adepte de culture, d'art et de traditions d'algérianité


Un adepte de culture, d'art et de traditions d'algérianité
Homme de valeurs, généreux et fidèle en amitié, Zoubir Gaouar s'était pleinement investi pour le rayonnement de la culture et de l'artisanat algériens.«La vie est éphémère et ne dure qu'un instant, tandis que l'amour de nos chers défunts est éternel». (Proverbe indien)Qui n'a pas connu cet homme devenu familier au décor de la place Audin, qui ne s'est jamais départi de son affabilité, courtois, souriant et accueillant en son magasin situé au 11, rue Didouche Mourad à proximité de la Faculté centrale d'Alger, qui, hélas, nous a furtivement quittés il y a une année de cela, le 23 décembre 2014 dans sa soixante-septième année. Ce lieu qu'il a lui-même conçu dès les premières années del'indépendance en vitrine muséale, d'art et de traditions de l'Algérie profonde dans la pluralité de son incommensurable richesse culturelle.Toutes les beautés de raffinement artisanal y étaient et sont à sa mémoire toujours excellemment exposées, du tapis aurésien de Khenchela, de Ghardaïa, d'Aït Hichem, de Tlemcen, labels de réputation appréciés à l'étranger où ils étaient exportés à une certaine époque en Europe. De la dinanderie au cuivre artistiquement ouvragé de La Casbah d'Alger et de Constantine, aux bijoux nacrés de Beni Yenni, à la céramique d'orfèvre de la capitale, aux statuettes d'art africain de Tamanrasset, complétés par de splendides toiles et aquarelles de peinture.Toute une véritable fresque du patrimoine culturel et artisanal algérien était ainsi harmonieusement projeté en cette artère très animée d'Alger, à la grande satisfaction des dilettantes et amateurs d'art ainsi que des touristes en visite dans notre pays. Ami des artistes et fabricant de merveilles artisanales, le regretté Zoubir Gaouar était ombilicalement attaché à ce précieux legs culturel de ses aînés et aïeux, 'uvrant sa vie durant à sa valorisation et à sa pérennité.Pétri dès l'enfance de la culture des arts traditionnels innée par ascendance d'une notable famille de tisserands de souche tlémcenienne, il est devenu de ce fait un fin connaisseur de cet univers qui n'avait point de secret pour lui et ne cessait à ce propos de marteler sa maxime affectivement préférée en ces termes : «Chaque objet artisanal symbolise un legs pluriséculaire, culturellement structurant de notre identité, de notre histoire et de notre mémoire qu'il faut impérieusement préserver pour le transmettre par devoir à la jeunesse, aux générations montantes et à la postérité.»Un grand mélomane du patrimoine musical andalouGrand mélomane féru de musique andalouse héritée du terroir de la mythique Tlemcen natale, Zoubir Gaouar était également séduit par l'Ecole d'Alger, sa ville d'adoption qu'il aimait tant pour être transposé dans l'extase par les monumentaux Dahmane Benachour et Mohamed Kheznadji pour lesquels il avait, selon son expression, une sensation particulière de leurs styles et la suavité mélodieuse de leurs voix. Le virtuose, le grand maître Sadek Lebdjaoui avait également une place prépondérante dans ses préférences musicales ainsi que l'icône Redouane Bensari, le fils du temple du «ghernati», Cheikh Larbi Bensari.L'autre édifice de la nouba qu'était Abdelkrim Dali, un ami de longue date de son père, lui rendait souvent visite à son magasin, au grand plaisir du public présent et heureux de la rencontre avec un personnage populaire de célébrité. Cet esthôte de l'art musical andalou est l'auteur d'une œuvre unique de symbiose, d'harmonie des Ecoles d'Alger et de Tlemcen. De cette source patrimoniale féconde il a ainsi constitué un répertoire «personnalisé» de la çanâa, devenu le courant lyrique incarné dans la symbolique par l'immortelle et conviviale Saha Aïdkoum, un hymne d'affection à l'adresse des populations de toutes les régions de l'Algérie profonde.Un ami et sympatisant du mouvement associatif culturel et musicalDans ce contexte, Zoubir Gaouar était par ailleurs très proche et connu des associations musicales d'Alger, Tlemcen et Oran où il a très efficacement contribué avec la précieuse assistance de Kamel Bendisari, un mélomane fin connaisseur de ce patrimoine à l'ascension de talents naissants devenus des célébrités, à l'image de Nouri Kouffi, une relation d'intime amitié avec le défunt.Il fut également un fidèle sympathisant de notre association par sa présence à des actions culturelles, particulièrement celle du mémorable hommage consacré au regretté et éminent Cheikh Abderrahmane Djilali pendant le mois sacré du Ramadhan de l'année 2008 auquel il a activement contribué avec la participation de la talentueuse interprète de la nouba andalouse Zakia Kara Terki. Celle-ci a en cette circonstance gracieusement animé une inoubliable et grandiose soirée musicale en l'honneur du vénérable penseur érudit à qui elle a dédié ce soir-là son récital en signe de reconnaissance et de gratitude à l'endroit de ce repère de savoir, de culture et de spiritualité.Une mission bien accomplie à travers le parcours d'une vie laborieuse, dense et chaleureusement partagée avec sa famille, ses amis très nombreux et ses proches. Homme de valeurs, généreux et fidèle en amitié, Zoubir Gaouar s'est ainsi pleinement investi pour le rayonnement de la culture et de l'artisanat algériens. Son souvenir impérissable sera à jamais perpétué par ceux qui aujourd'hui l'évoquent avec affection pour implorer Dieu le Tout Puissant de l'accueillir dans la miséricorde de son Vaste Paradis.«A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons».


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