Ce chahid avait été dépêché de Tunis par l'Association algérienne des ouléma pour enseigner à la médersa du village.Yahia Haddouche, poète et écrivain, «Amediaze» en tamazigh, s'est déplacé à L'Expression pour faire part de sa déception et celle de beaucoup d'autres natifs et résidents du village haut perché de Ighil Ali dans la wilaya de Béjaïa. Du haut de ses 90 ans, il narre sa déconvenue. Ecoutons-le. En 1953, l'Association algérienne des ouléma siégeant à Tunis, envoya un certain Mohamed Sakhri pour enseigner dans la médersa libre du village Ighil Ali. Ce dernier, natif de Arris, monte au maquis quelque temps après pour rejoindre les combattants de l'ALN. Il tombe au champ d'honneur vers la fin des années 1950. Avant de se rendre au «djebel», il recommanda à son jeune frère Embarek de le remplacer à son poste d'enseignant pour poursuivre sa mission d'éducateur. Ce remplacement ne fut pas très long, puisque Embarek lui-même fut assassiné quelque temps après par la horde colonialiste dans la même région, dans le hameau appelé «Tiniré».Haddouche est venu informer à travers L'Expression l'opinion publique et les autorités, en particulier le ministère des Moudjahidine, à propos du refus de donner le nom du chahid Mohamed Sakri au CEM du village. La commission locale de baptisation, dépendant de la kasma de Ighil Ali, chargée de donner un nom de chahid aux rues et places dans la région, a prétexté que «Sakri n'étant pas natif du village d'Ighil Ali, il appartient à la wilaya de Batna (!) de procéder à une telle décision sur le territoire relevant de sa compétence». Haddouche, tout comme beaucoup de ses concitoyens du village, sont «offusqués» par ce refus qui dégrade la valeur de ce chahid qui a consacré une partie de sa vie à instruire et à éduquer les enfants du village qui, aujourd'hui devenus adultes, lui refusent cet honneur pour une question de lieu de naissance! Tous les lieux, boulevards, places, rues et autres lieux d'Algérie qui portent les noms de nos glorieux chouhada, ont-ils été baptisés en fonction de leur lieu de naissance' s'interroge notre interlocuteur, qui veut rendre un hommage posthume tant au passé de moudjahid qu'à l'oeuvre éducatrice du chahid Mohamed Sakri.
Posté Le : 29/06/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim AMARNI
Source : www.lexpressiondz.com