Algérie

Un acte de tolérance contre l'obscurantisme


Un acte de tolérance contre l'obscurantisme
Jeudi 8 novembre 1990. Autour du bureau local du FFS, une animation particulière régnait.Une dizaine de citoyens épris de justice et de liberté, quelques syndicalistes, des militants anti-intégristes, certains membres du mouvement associatif, telle était la composition de cette foule qui s'apprêtait à accueillir l'un des chefs de la Révolution algérienne, Hocine Aït Ahmed. Les grappes humaines étaient excitées, impatientes pour voir arriver à Bou Ismaïl le défenseur des droits de l'homme. Ali Yahia Abdennour et Sid Ahmed Serri s'étaient rendus quelques jours à Bou Ismaïl, bien avant l'arrivée de Hocine Aït Ahmed.Le leader du FFS, informé par les citoyens dès son arrivée du problème, annonce spontanément sa participation immédiate à une marche de soutien à l'école de musique de la ville de Bou Ismaïl. Les élèves de l'Association El Ismaïlia de Bou Ismaïl avaient été expulsés des locaux de leur école à la suite de l'occupation arbitraire et violente qui s'est ajoutée à la dégradation du mobilier et des instruments par une poignée de fanatiques, des illuminés de l'ex-FIS.Considérée comme étant interdite (péché, ndlr), les intégristes islamistes sont passés à l'action pour faire disparaître cette école de musique fréquentée par les écoliers de la ville de Bou Ismaïl et dirigée par des éducateurs et des moudjahiddine. Ovationné par les citoyens au niveau du local du FFS, Hocine Aït Ahmed a pris la tête du cortège qui avait marché pacifiquement vers le domicile du responsable de la section locale du FFS, le moudjahid et patriote Chaouche Abdelkader.Au cours de sa prise de parole devant un parterre de journalistes des médias nationaux et étrangers, Hocine Aït Ahmed avait dénoncé cet acte ignoble perpétré par les obscurantistes du FIS, tout en exhortant les jeunes de Bou Ismaïl à s'unir et se mobiliser pour barrer la route à l'archaïsme, l'opportunisme, l'intégrisme et l'obscurantisme. Les mots «unité» et «justice» constituaient le leitmotiv de son intervention devant une assistance noyée dans le bonheur.Le leader du FFS s'est investi personnellement avec ses militants dans cette affaire, au moment où l'intégrisme islamiste ratissait large. Son action a contribué grandement à la récupération des locaux de l'école de musique de l'Association El Ismaïlia. Le tribunal de Koléa avait condamné, le 17 novembre 1990, l'APC FIS de Bou Ismaïl à la restitution inconditionnelle des locaux à l'Association El Ismaïlia présidée par Mazar Mustapha, un directeur d'école en retraite qui s'est sacrifié pour le développement de la culture à Bou Ismaïl et dans la wilaya de Tipasa. Les éditions du «défunt» Festival du rire resteront gravées dans la mémoire des citoyens et des artistes.Les intégristes islamistes n'ont jamais accepté la décision de justice relative à leur expulsion. Malheureusement, le magistrat Bekkaï Mahfoud, président du tribunal de Koléa qui avait su traiter cette affaire, avait été lâchement assassiné à Bougara (Blida) quelques mois plus tard. La mobilisation d'Aït Ahmed, Ali Yahia Abdennour et Sid Ahmed Serri avait permis aux élèves de l'Association musicale El Ismaïlia de reprendre les cours de musique et de répondre aux invitations à l'échelle nationale et maghrébine afin de pouvoir se produire. Après le retrait des encadreurs de cette école, de surcroît depuis le décès du dernier président de l'Association, le moudjahid Nadji Ali, l'Association El Ismaïlia a été abandonnée.Plus grave encore, c'est le squat de ses locaux par des énergumènes qui ont transformé l'école de musique en un paradis des maux sociaux. Hocine Aït Ahmed est parti pour l'éternité. L'Association El Ismaïlia fragmentée dans une indifférence totale. C'est un scénario identique qui intervient 20 ans après la visite de solidarité d'Aït Ahmed. L'autorité, quant à elle, s'illustre par une indifférence trop inquiétante, comme en 1990.


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