Un acte de barbarie, une victoire sans gloire ! Libye

Ils ont fait pendre Saddam Hussein pour se retirer ensuite d´Irak. Ils ont tué Oussama Ben Laden, ont jeté son corps à la mer, et commencent à quitter l´Afghanistan.
Cette fois, un hélicoptère français a tiré froidement au missile sur le convoi civil «ennemi» parce qu´ils savaient parfaitement que Mouammar Kadhafi s´y trouvait. Grièvement blessé, mais encore vivant, il sera lynché à mort par ses ennemis, sans doute averti de sa présence sur les lieux depuis l´hélicoptère français.
Voilà comment les choses se sont passées. Les alliés qui sont responsables de cet acte de barbarie cherchent des arguments pour se disculper. «On ignorait sa présence dans le convoi», un risque de guerre inévitable ou un dommage collatéral. Des arguments dosés de mensonge et d´hypocrisie pour justifier cette ignoble liquidation - lynchage ordonnée par les alliés et planifiée depuis le début de la guerre.

Mensonge et hypocrisie
Mensonge des alliés et mensonge du Conseil national de transition (CNT). Deux mensonges qui n´ont pas survécu à des images d'amateurs dont ces deux camps se seraient volontiers passés. Mahmoud Jibril a affirmé, à chaud, que Kadhafi est mort d´une balle dans la tête. C´est de bonne guerre, voulait-il dire ! Or, ce n´est pas un acte de guerre que le monde va découvrir à travers ces scènes barbares dignes du Moyen-âge, mais un scénario occidental déjà vu.
En Irak, la pendaison de Saddam se voulait «légale». Un film d´amateur dévoilera cette mise à mort organisée en spectacle par Nouri Al Maliki. Evidemment avec le feu vert de George Bush ! Avec une forte dose d´hypocrisie, la plupart des dirigeants occidentaux impliqués dans la guerre de Libye se sont dit «soulagés» par le lynchage de Kadhafi.
Un sentiment de barbarie ressenti à la vue des scènes de lynchage du colonel Kadhafi, il y a de quoi s´interroger sur l´état psychique de certains dirigeants européens. Tout à tour, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou David Cameron ont jubilé. Au diable, les droits de l´homme !

Complicité dans un acte de lynchage
Le monde a maintenant la certitude que Kadhafi, son fils et ses proches ont été éliminés de sang-froid par l´hélicoptère français qui a pris pour cible le convoi de Kadhafi. L´objectif atteint, le pilote français a informé les insurgés de la position de la cible. La suite, du moins une séquence de cette scène de lynchage publique, tout le monde l'a vue.
Les conditions dans lesquelles est intervenue la mort de Kadhafi est un acte de barbarie des temps modernes. Histoire de se donner bonne conscience, l´ONU a demandé que toute la lumière soit faite sur cette liquidation ordonnée par l´OTAN sur instruction de la France et du Royaume-Uni, pressés de se retirer au plus vite d´un conflit coûteux en cette période de crise économique.
La France a déjà entrepris de sortir prématurément de l´Afghanistan parce qu´elle ne peut pas supporter davantage les charges de cette guerre. Un conflit économiquement très rentable, à terme, pour ses entreprises, mais qui comporte un risque de mort d´hommes. Ce n´est pas bon en période électorale. Il faut donc faire vite et la seule manière était de liquider Kadhafi pour abréger une guerre qui a trop duré. Les troupes alliées ont donc reçu l´ordre de liquider Kadhafi avant de devoir quitter le champ de bataille le 31 octobre prochain.
Si l´objectif de la coalition internationale de l´OTAN n´était pas de liquider le leader libyen, pourquoi le SG de l´OTAN a-t-il annoncé la fin de la guerre pour le 31 octobre prochain le jour même de la mort de Kadhafi ' L´objectif de la coalition n´était rien d´autre que la liquidation physique du colonel libyen. Pas de protéger les populations civiles qui vont devoir s´expliquer désormais entre elles, comme les Afghans et les Irakiens, même si l´alliance atlantique entend garder un 'il sur la Libye.

Ni Ben Ali ni Moubarak
Depuis le début de cette mystérieuse guerre de Libye, la France et ses alliés ont violé ouvertement et dans l´impunité les résolutions du Conseil de sécurité, la 1970 et la 1973, autorisant la mise en place d´une zone d´exclusion aérienne en Libye, accompagnée d´un embargo maritime pour assurer la protection des populations civiles des bombardements de Kadhafi. Ces dispositions n´ont pas été respectées. Elles ont mêmes été violées.
Ces deux résolutions n´ont jamais fait de la chute du régime Kadhafi l´objectif de cette mission internationale. Encore moins de son assassinat. Dès le départ, l´objectif est contraire parce que le scénario idéal, la reddition de Kadhafi, n´était pas acquis. Paris voulait que Kadhafi suive l´exemple de Ben Ali ou de Moubarak.
L´image d´un occident attaché aux droits de l´homme se renforcerait, s´agissant à plus forte raison du «dictateur» libyen qui a bon dos dans le «monde libre» en serait sortie renforcée. Or, le Guide la Révolution libyenne a son propre caractère. Il a dit et maintenu qu´il mourra dans son pays. Ce qu´il fit.

L´ordre donné par Sarkozy
Sarkozy a donné le feu vert à l´un des officiers pour passer à l´acte. Une très grave décision qui colle parfaitement au tempérament de cet homme qui assume les crimes commis par son pays en Algérie. Un ordre classé «top secret» dont on ne connaîtra peut-être jamais les détails dans ce «pays de la transparence», donneur de leçons en matière de respect de la légalité internationale et des droits de l´homme. Du beau travail pour une «victoire sans gloire». Dans le déshonneur.