Depuis sa sortie en France le 15 juillet dernier, le dernier film de Amine Sidi Boumediene, déjà sélectionné au Festival de Cannes 2019, bénéficie d'un accueil critique enthousiaste.Abou Leila est à l'affiche en France depuis quinze jours. Produit par Thala Films, réalisé par Amine Sidi Boumediène (Demain, Alger, L'île) et porté par un casting redoutable (Slimane Benouari, Lyès Salem, Samir Elhakim, Meriem Medjkane...), il est distribué dans une vingtaine de villes et son début de longévité en salle traduit, non seulement, un succès critique mais aussi public.
Psychodrame vertigineux et sombre, Abou Leila est célébré comme le film qui déconstruit les poncifs et traitement cinématographiques faciles autour de la décennie noire.
Amine Sidi Boumediene plante sa caméra dans le désert algérien où deux amis d'enfance (S. et Lotfi) partent à la recherche d'un dangereux terroriste. Cette quête absurde semble n'être qu'un prétexte pour Lotfi qui veut éloigner son ami, mentalement fragile, de la capitale. Mais en s'enfonçant dans le Sahara, les deux personnages finiront par se confronter à leur propre violence. Le film a obtenu une note de 3,7/5 sur le site Allociné et fait l'unanimité chez un certain nombre de critiques de cinéma en France. Parmi eux, Mathieu Macheret du Monde salue «un sens affûté du cadre et de l'espace, ainsi que la symphonie de bruits angoissants qui tresse la bande-son, contribuant à l'incroyable intensité de ces glissements dans le domaine du rêve». Quant au magasine Les Inrockuptibles, il y voit à travers la plume de Bruno Deruisseau «le premier film remarquable sur la décennie noire» tant il concentre plusieurs genres entre «le polar métaphysique, le road-movie halluciné et le western horrifique», le tout plongé dans une «paranoïa exacerbée et une folie meurtrière : une traque dans le désert comme métaphore de la guerre civile algérienne, dans un premier film à la maîtrise impressionnante».
Elizabeth Franck-Dumas du quotidien Libération considère Abou Leila comme «un saisissant road-movie métaphysique en écho à la violence de la guerre civile qui embrase le pays dans les années 90», et semble conquise, dès les premières secondes du film, notamment par «la scène la plus ancrée du magnifiquement désaxé Abou Leila est celle d'un meurtre», où les spectateurs sont jetés au c?ur d'un plan-séquence virtuose et notent des détails banals en empruntant le point de vue d'un terroriste mal assuré qui doit descendre un avocat». De son côté, Alain Masson du mensuel de cinéma Positif, est séduit par un style intemporel et déroutant où «fragmentation et substitution empêchent tout réel de se constituer en une réalité consistante et digne de foi. Aucune continuité ne s'impose. Aucun appui n'est sûr. Cela résume à la fois une situation politique cruelle et la réussite de la mise en scène ». Moins enthousiaste et certainement plus classique, Eric Neuhoff du Figaro décrit un film «trop long, assez confus et abstrait» ; une longueur également critiquée par François Forestier du Nouvel Observateur qui se dit néanmoins séduit par «une force née des superbes images du désert et de la tragédie des années de sang». Beaucoup plus tranchant, Jean-Claude Raspiengeas du quotidien La Croix y voit un «film par trop bancal», néanmoins soutenu par la performance des deux acteurs principaux Slimane Benouari et Lyes Salem.
Sarah H.
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Posté Le : 30/07/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sarah Haidar
Source : www.lesoirdalgerie.com