Un accordéoniste de charme

Il ne se détachait pas de sa mine aussi débonnaire qu'enthousiaste. Rachid Lamri Zeggar a commencé à chatouiller son accordéon alors qu'il avait à peine la vingtaine.Et lorsqu'il se mettait à titiller les touches de son instrument sur des airs de chants sétifiens, l'envie de danser et de se déhancher chez ses nombreux admirateurs devenait quasiment inévitable. Il lui arrivait aussi de jouer de la cornemuse, mais plus que tout au monde, son accordéon était pour lui une véritable passion. Né en 1949, cet homme qui a troqué précocement le collège, alors qu'il était en 3e année moyenne, s'était découvert une autre vocation d'accordéoniste de charme. «J'abhorre la hogra, j'aime mes enfants et tout ce qui est beau», nous dit-il.Et de poursuivre : «Comme j'étais très fort en maths, mon enseignant en cette matière, M. Morisco, m'encourageait à aller poursuivre mes études en France ; mais je ne l'ai pas fait.» Toujours est-il qu'il était un véritable charmeur de foules. Et pour cause, quand il devait animer une soirée de mariage, lui et son guitariste subjuguaient carrément l'assistance. Rachid aimait tant son accordéon plus que tout au monde au point de ne s'en séparer que très rarement. «Mon instrument, l'accordéon, était mon chouchou, mon accompagnateur et une seconde nature pour moi. J'éprouvais un immense plaisir à le chatouiller et j'improvisais avec des airs qu'il m'arrivait de jouer dans les fêtes mondaines», dira-t-il. «Eh oui, c'était la belle époque. Les soirées qu'on donnait n'étaient pas motivées par un quelconque cachet pécuniaire. J'ai personnellement animé gratuitement de nombreuses veillées au profit de familles pauvres», évoque-t-il avec son large sourire coutumier.Générosité et disponibilité obligent, ce musicien hors-pair jouait sans coup férir et avec plaisir tous les airs qu'on lui demandait. Sacré Rachid !