Algérie

Un Accord en mode flottement



Pour quelle raison, Alger veut-elle renégocier cet Accord d'association ' Le pays a mis les arguments sur la table, en estimant que l'Accord n'est pas en sa faveur et qu'il ne lui procure aucun avantage, au double plan commercial et d'investissement. En clair, il perd au change quant à ses échanges commerciaux. Il considère que c'est un motif suffisant pour demander à Bruxelles de revoir l'accord de manière à l'équilibrer. Pour beaucoup d'observateurs, cela est d'autant plus nécessaire compte tenu du besoin d'équilibrer les échanges commerciaux entre les deux parties dans le cadre d'une Zone de libre-échange (ZLE), dont l'entrée en vigueur devait intervenir le 1er septembre 2020, et d'attirer des investissements européens pour stimuler l'économie locale.La mise en place d'une zone de libre-échange signifie qu'Alger doit totalement démanteler ses tarifs douaniers. Le problème est qu'elle n'était pas et n'est toujours pas prête car, son économie n'était pas préparée. Il est bon de savoir que ce projet de zone de libre-échange, Alger et Bruxelles y travaillent depuis 2005, date d'entrée en vigueur de l'Accord d'association. Celui-ci prévoyait une période de transition de 12 ans accordée à l'Algérie pour éliminer progressivement ses droits de douane sur des produits industriels, avec une possibilité d'appliquer une libéralisation sélective concernant les produits agricoles. Ainsi, la concrétisation du projet de ZLE allait se faire en 2017. Mais le temps de transition s'est révélé insuffisant pour atteindre l'objectif fixé.
Aussi, l'Algérie avait demandé, en 2012, que la période de transition soit allongée et portée à 15 ans, soit jusqu'au 1er septembre 2020, pour certains produits comme l'acier, les textiles, les produits électroniques et l'automobile.
L'UE voit, elle, des avantages dans cet Accord et une opportunité pour promouvoir le partenariat avec un pays tiers comme l'Algérie. Dans un rapport élaboré en 2020 par l'Union, il est expliqué que le développement des relations commerciales entre les deux économies évolue dans une direction "globalement positive". Le document fournit une série de chiffres sur le courant des échanges, soulignant ainsi qu'entre 2004 et 2017, la valeur des échanges entre l'UE et l'Algérie est passée de 24,8 milliards d'euros à 37,4 milliards d'euros, malgré le fait que les exportations de l'Algérie dépendent fortement des hydrocarbures et sont faussées par les fluctuations des prix mondiaux du pétrole.
Ce dont ne parle, cependant, pas le rapport, c'est que la part des exportations algériennes dans ces échanges est marginale. En effet, une évaluation de l'impact de l'Accord d'association Algérie - UE sur le commerce extérieur, depuis sa signature en 2005 jusqu'à 2015, a montré que le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'UE n'a même pas atteint "les 14 milliards de dollars sur les dix années", alors que le cumul des importations algériennes auprès de l'UE s'est chiffré "à 220 milliards de dollars avec une moyenne annuelle de 22 milliards de dollars".

Youcef Salami


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