Algérie

Un accès gratuit... mais à quel prix!



Intervenant lors de la visite du wali de Tizi Ouzou sur les plages de Tigzirt et Azeffoun, le directeur du tourisme de la même wilaya a réaffirmé la gratuité de l'accès aux plages autorisées à la baignade. Cependant, le même responsable n'a pas évoqué les prix, exorbitants, appliqués sur les lieux par des commerçants possédant un registre, mais incontrôlables en matière de tarification, ainsi que les commerçants illégaux comme les loueurs de parasols et les «parkingueurs». La situation commence déjà à irriter les estivants qui se plaignent des prix qui leur sont imposés, dans une impunité totale.En effet, alors que la délégation officielle était sur les lieux, les prix des parasols et des parkings étaient déjà en vigueur sans qu'aucun responsable n'ait jeté un regard. Juste à côté, des estivants se plaignent de la location de parasol, pour laquelle les jeunes tenanciers réclament la somme de 900 DA. Une négociation pour un arrangement peut, parfois, ramener le prix à 800 DA, afin de boucler le chapitre location à 1000 DA en ajoutant les 150 DA de parking. Les «parkingueurs», embusqués partout où l'automobiliste cherche à garer son véhicule, réclament en effet 150 DA gentiment, mais fermement, «pour ne pas avoir des problèmes avec les gens», assurent-ils. Sur les lieux, nous avons questionné quelques estivants fidèles aux plages de Tigzirt et Azeffoun, pour connaître leur état d'esprit. «Non, mais c'est trop cher. Un parasol à 900 DA et parfois à 1000 DA, quand il y a trop de monde. Qui contrôle ces gens'» se demande un estivant venu en famille. D'autres affirment que les prix des parasols et du parking «sont tout le budget que nous avons réservé à la journée. Il ne reste plus de quoi acheter un sandwich. à ce rythme, je ne reviendrai plus jamais dans cette plage», se plaint un autre estivant qui reconnaît toutefois que la sécurité sur les plages est très bien assurée.
Des résistances aux nouvelles idées...
Par ailleurs, notons que beaucoup de jeunes de la ville de Tigzirt, tentent vainement, depuis des années, de faire bouger les lignes en matière de gestion de la saison estivale. «Nous essayons d'apporter de nouvelles idées, mais il y a beaucoup de résistance. Beaucoup préfèrent encore gérer administrativement, sur un fauteuil», déplore Samir, un jeune universitaire versé dans le mouvement associatif. «Cela fait des années que nous plaidons pour des parkings à étages aux alentours de la ville. Cela va mettre un terme aux parkings anarchiques et également désengorger la ville de l'étouffante circulation. Mais, comme vous voyez, les nouvelles idées ne sont pas les bienvenues», ajoute un autre jeune universitaire qui regrette que les responsables locaux ne soient pas intéressés par ce genre d'idées qui peuvent même intéresser les privés. A cet effet, nous avons approché un entrepreneur qui a été très enthousiaste à l'idée, mais qui dit craindre la lenteur des démarches administratives et l'absence de foncier.
L'idée est, en effet, partagée par beaucoup de citoyens qui reconnaissent que la circulation dans la ville est suffocante. «L'année passée, nous avons connu des journées où les embouteillages ont empêché les estivants de rentrer en ville. Certains racontaient avoir passé une demi-journée avant de parvenir en ville. Une fois sur les lieux, les familles craignent pour la sortie qui est également «douloureuse».
Un patrimoine culturel à mobiliser pour diversifier l'offre touristique
La situation a dissuadé beaucoup d'estivants qui ont juré de ne plus remettre les pieds à Tigzirt.
Des artistes se sont manifestés, durant plusieurs années, pour pousser les responsables locaux à penser à l'animation. «Nous avons proposé d'animer les soirées à travers les différents établissements culturels comme les maisons de jeunes, les centres culturels, le cinéma, mais l'arrivée de la pandémie a mis un coup d'arrêt à nos démarches», raconte un jeune artiste de la région. D'autres jeunes artistes proposent actuellement, des soirées à l'extérieur pour égayer le séjour des familles qui louent à Tigzirt. La méthode prend également en considération les mesures barrières contre la Covid-19.
Toujours en matière de culture, les jeunes de Tigzirt tentent de faire passer l'idée de changer de paradigme en matière de gestion de l'activité touristique. «Il faut bien dépasser l'idée que Tigzirt ne peut proposer que des plages. Nous avons d'énormes richesses réparties sur un périmètre de plusieurs kilomètres. Des vestiges antiques situés à des dizaines de kilomètres peuvent être proposés aux touristes, via des visites guidées», affirme un jeune transporteur. Ce dernier se dit d'ailleurs prêt à mobiliser son véhicule et à convaincre les autres transporteurs à travailler avec des agences de voyages dans ce créneau, qui peut s'avérer très porteur.


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