Le sommet de la Ligue arabe a été expédié en un jour au lieu des deux programmés. C'est que la session intervient dans un contexte particulier où les divergences entre les nouveaux membres «forts» se font de plus en plus prononcées. Les altérités entre membres n'ont pas été évidemment évoquées officiellement, mais ont rythmé en sous-entendus les interventions des Etats concernés. La discorde entre l'Arabie saoudite, les Emirats et Bahreïn d'une part et le Qatar de l'autre est principalement une nouveauté à l'intérieur de cet organisme, déjà connu par sa faiblesse et ses limites face à l'arrogance israélienne. Le monde arabe est bien entré dans une phase qualitative de sa fragilité. Les bouleversements politiques dits «printemps arabes» qui ont assailli la région et dont les effets sont en perpétuel mouvement n'arrêtent pas de modeler les rapports entre Etats. La Ligue arabe qui est devenue depuis peu un instrument entre les mains des monarchies du Golfe après l'affaiblissement de l'Egypte et de la Syrie, pour cause de crise interne, est aujourd'hui plus que jamais en appel à une réforme salutaire. Plusieurs éléments ont évolué dans la sphère arabe pour pouvoir continuer à fonctionner sur des paramètres désuets. À commencer par l'Egypte où le pouvoir semble rentrer dans une phase de délire avancée en décidant des condamnations à mort à l'encontre de centaines de militants des Frères musulmans. De quoi créer une situation délétère où le risque de dérapage en devient permanent. Mais c'est bien la question syrienne qui reste incontestablement le sujet de controverse par excellence. L'Algérie et l'Irak ont imposé que le siège de la Syrie ne soit pas occupé par la Coalition syrienne. Une posture de principe, consolidée par la fragilisation du «consensus» du groupe du Conseil de Coopération du Golfe. La Syrie membre fondateur de cette même Ligue qui l'a exclue, restera incontestablement le fantôme qui hantera les travées des sommets qui se suivront. Ahmad al Jarba aura beau crier la nécessité de doter les rebelles «d'armes sophistiquées», personne ne semble lui redonner l'attention dont il a bénéficié il y a quelques mois. Le pouvoir syrien qu'on donnait agonisant il y a peu semble aujourd'hui dans une meilleure posture. Depuis que les Occidentaux s'en sont détournés pour de multiples raisons, les pays du Golfe se retrouvent dans l'embarras face à une tragédie dont ils ont été acteurs indirects. Aujourd'hui, sans le parapluie occidental, l'attitude anti-syrienne de Ryadh et Doha craquelle. Les Etats du Golfe seront un jour obligés de renouer le dialogue avec Damas pour l'intérêt des peuples de la région. Mais au fait, la Ligue arabe a-t-elle un jour «roulé» pour les intérêts des peuples arabes 'M. B.
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Posté Le : 25/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moumene Belghoul
Source : www.latribune-online.com