Un 8 Mars sur un ton particulier !

Un jour, des milliers d'étudiants battent le pavé pour dire leur détermination. Le lendemain, des avocats le font à leur tour pour dire le droit. Le surlendemain, c'est au tour d'une Algérie bigarrée et multisexes d'occuper la rue. Et, demain, ce seront les femmes. Demain, vendredi, ne sera pas un vendredi ordinaire. Nous serons le 8 Mars.La journée internationale censée rappeler les droits légitimes d'un genre discriminé jusqu'à l'usure et la désespérance, mais qui ne renonce jamais à réclamer la consécration de ces derniers. Sauf que cette année, notre 8 Mars, à nous les Algériennes, ne ressemblera pas à ceux qui l'ont précédé jusque-là, sourds aux attentes des femmes et toujours injustes à leur égard.
Cette année, dans leur immense générosité, les femmes ajouteront à leurs éternelles revendications celles d'un peuple en colère qui sortira le clamer en chantant. Demain, les femmes, qui sont dans la contestation permanente, élargiront spontanément la liste de leurs revendications à celles d'un pays qui réclame alternance, justice, liberté, démocratie et j'en passe, tellement les rêves qui peuplent les nuits algériennes sont nombreux et divers. Elles ne seront ni seules ni en petit nombre à donner de la voix, mais rejointes par celles qui, d'ordinaire, s'offrent l'ambiance des quelques salles de concerts mises à disposition pour étouffer leurs voix.
Demain ne sera pas une journée ordinaire. Ce troisième vendredi réunira peut- être, je ne veux rien avancer qui soit irréalisable, des Algériens de tous âges, de tous sexes et de toutes catégories sociales et professionnelles. Un vendredi et une rue qui prend l'habitude de s'animer sous le poids d'une demande qui garde le cap et ne faiblit pas, comme prédit en haut lieu. Tant de retard à rattraper ! On n'imaginait plus qu'autant d'Algériens sortiraient récupérer les espaces qui leur avaient jusque-là été confisqués. Et voilà que le peuple se surprend à espérer et s'ébranle à l'appel d'une jeunesse dont les sourires éclatants expriment, dans l'allégresse, son opposition à un scrutin de trop et son intention de revoir, dans le détail, les choix qui sont faits en ses lieu et place.
M. B.