Algérie

Un 11 décembre 1960 pour que nul n'oublie


Personne ne s'attendait à une déferlante populaire d'une ampleur aussi puissante, aussi résolue, aussi revendicatrice pour réclamer l'indépendance de l'Algérie embourbée dans des négociations difficiles entre le gouvernement de la 5ème République française, et le GPRA sous la houlette du FLN, en pleine phase de reconstruction de la guérilla urbaine.Les manifestations du 11 décembre 1960 qui ont vu, chose inimaginable à l'époque, défiler des femmes en haïk au premier rang en compagnie d'hommes et d'adolecents, réclamant la liberté avaient le sceau d'une démonstration populaire, vis-à-vis des colonisateurs qui considéraient que l'Algérie ne pouvait être que française, et que les Français nés en Algérie après 1832 résidaient dans leur pays au même titre que la population autochtone. Alger donnera en premier la cadence du combat libérateur, qui s'étendra dans plusieurs localités du pays par la suite. Parmi les manifestants, événement jamais vu, de nombreuses femmes faisaient partie des cortèges des protestataires enveloppées dans leurs voiles blancs en compagnie d'adolescents et de préadolescents.
Groupés et scandant «Algérie algérienne !» en langue française à l'adresse des médias, des Pieds-noirs, du gouvernement de De Gaulle, c'est en rangs serrés, que la population algéroise est sortie de ses ghettos, où créchaient uniquement des autochtones pour aller assaillir les quartiers qu'occupaient les Pieds-noirs. De Belcourt, plus précisément de Laâquiba, des bidonvilles de la cité Mahieddine non loin de là, du Clos Salembier et de Diar Es Chemch (El Madania), de la cité dortoir du Climat de France, de La Casbah, de la Montagne et des quartiers arabes périphériques, à l'unisson les populations n'ont pas hésitées à braver non seulement la police, les CRS, mais également l'armée française et son armement lourd, y compris des chars, qui étaient disposés de telle façon que les ilots où résidaient les Algériens soient pris en tenaille, pour les empêcher d'atteindre les quartiers résidentiels français.
Ce soulèvement populaire est plein d'enseignement, ce qui prouve que le degré de maturation politique des Algériens à cette époque, malgré la spontanéité, a été organisé dans la perspective de l'inscription de la question algérienne à l'ordre du jour de l'Assemblé générale de l'ONU le 20 juillet, et qui devait passer en délibérée le 19 décembre 1960, soit quelques jours après le soulèvement populaire.
Le 11 décembre 1961 fut également une occasion propice pour notre communauté immigrée en France d'organiser une grande manifestation, notamment à Paris, pour arborer son soutien à l'indépendance de l'Algérie et du FLN. Cette manifestation sera l'objet d'une grande répression, alors que la guerre d'Algérie touchait à sa fin, et que les négociations d'Evian étaient enclenchées. Un référendum où les Algériens votèrent massivement pour l'indépendance, consacrera celle-ci officiellement suite à l'aboutissement des accords d'Evian par leur signature le 18 mars 1962, et le 5 juillet de la même année sera la date retenue pour fêter son indépendance. Cette année, Belcourt a reçu quelques anciens baroudeurs de cette époque agitée, quelques représentants du FLN au niveau de la stèle construite pour que nul n'oublie.
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