Algérie - Pieds noirs


Alors, lors seulement, apparaissait le théâtre du village. Au début du plateau, côté cour, soit sur la droite, se cloîtrait le pavillon de la famille Millet (Uldéric était le cousin de Martial, le tenancier du bistrot). Doté dune émotivité moyenne, d'une bonne activité, peu expansif, susceptible, vindicatif même et assez influençable, il persistait en lui un versant changeant, fantasque, parfois inquiétant par sa mobilité agressive ; capable d'efforts d'une grande intensité mais demeurant avec un besoin de vie calme, Uldéric avait des réactions rapides, foudroyantes même. Il plastronnait avec une grande confiance en lui, mais ce n'était souvent qu'une façade, en réalité il était un grand timide et un être absolument possessif. Sa sociabilité capricieuse, lui donnait, certains jours de s'isoler, d'autres jours il aurait reçu le monde entier. Doué d'une mémoire redoutable, associée à une curiosité débordante, il devenait excessif en tout, les mauvaises récoltes successives prises comme des échecs répétitifs, l'amenaient à se croire persécuté. Dans le fond il était de gauche, mais n'était-ce pas le cas de tous ces pauvres colons ?


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