La mobilisation autour de la révolte populaire contre le système en place ne cesse de croître à Bouira, à tel point qu'elle s'approche des niveaux record enregistrés durant mars et avril derniers. Hier et pour le 29e acte des marches revendiquant le départ du pouvoir en place et "ses résidus", ils étaient plusieurs dizaines de milliers et selon des estimations officielles, près de 75 000 manifestants à battre le pavé, avec un seul et unique mot d'ordre : "Ulac l'vot ulac !"En effet, les délais fixés par le chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah, afin de convoquer le corps électoral, ont suscité la colère et l'indignation des citoyens, qui ont scandé à l'unisson : "Ulac l'vot ulac" (Il n'y aura pas d'élections) et "Non aux élections avec la bande". Ainsi, pour les protestataires les injonctions du chef d'état-major ne correspondent pas aux aspirations populaires et encore moins à "l'esprit" de la révolution du peuple.
"À quoi bon manifester pendant six mois sans arrêt pour qu'au final, on nous impose un vote et un candidat issu du système actuel.Cela n'a aucun sens", dira Messaoud Merabet, syndicaliste au secteur de la santé. Pour d'autres manifestants, l'urgence, selon eux, n'est pas d'organiser l'élection présidentielle, mais de mettre le pays sur la voie de la transition démocratique.
"La seule et unique solution à la crise actuelle est de passer directement vers un conseil de transition. Pour ce faire, le départ du gouvernement de Bedoui est la condition sine qua non", souligne Yahia Semmache, coordinateur du mouvement associatif local. "Nos revendications sont claires et limpides : nous voulons bâtir une nouvelle Algérie avec un nouveau système, de nouvelles figures et sur des bases saines", a-t-il, en outre, souligné.
Le slogan "Daoula madania, machi aâskariya" (Un Etat civil et non militaire), a été scandé à tue-tête par les marcheurs, une allusion directe à l'immixtion de l'armée dans les affaires politiques du pays. Par ailleurs, les membres de la commission de "personnalités" chargée par Abdelkader Bensalah de superviser un dialogue national, ont, encore une fois, été critiqués par les milliers de citoyens.
Karim Younès ainsi que les autres membres des "dialoguistes" ont été littéralement qualifiés de traîtres par les contestataires, qui refusent, encore et toujours, tout dialogue avec "la bande et ses résidus". "Ces personnes ne représentent qu'elles-mêmes et n'ont nullement le droit de parler au nom du peuple et encore moins de dialoguer en son nom", tranchera un manifestant qui tenait une pancarte où il était écrit : "Non au dialogue avec la bande".
14h45, le boulevard Zighoud-Youcef, qui traverse d'est en ouest le chef-lieu de la wilaya, était noir de monde. "Je ne sais pas ce que le système attend pour plier bagage ' Voir autant de monde revendiquer une seule et unique chose : ?Dégagez tous' et ne pas faire preuve de dignité en partant, est aberrant", a estimé Yazid Yahiaoui, journaliste et militant de la cause amazighe.
15h30, l'esplanade de la maison de la culture Ali-Zamoum, rebaptisée Place de la Révolution, a été prise d'assaut par les manifestants qui y ont entonné l'hymne national tout en se donnant rendez-vous pour vendredi prochain.
RAMDANE BOURAHLA
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Posté Le : 07/09/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ramdane BOURAHLA
Source : www.liberte-algerie.com