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Ukraine, le saut dans l'inconnu



Ukraine, le saut dans l'inconnu
La situation évolue de mal en pis en Ukraine. Chaque jour, une partie de cette ancienne république de l'Union soviétique tente de se détacher un peu plus de Kiev et se rattacher à Moscou.Pendant ce temps, les dirigeants russes et ukrainiens s'échangent des accusations sur la responsabilité de cette situation de ni guerre ni paix. Ou les deux. Ainsi, la Russie, qui craint des sanctions occidentales, a accusé hier les autorités ukrainiennes de violer l'accord de Genève censé mettre fin à l'escalade dans l'Est, en proie à une insurrection séparatiste.De son côté, le président ukrainien par intérim, Oleksandre Tourtchinov, a réclamé le même jour le déploiement de Casques bleus de l'ONU dans l'est de l'Ukraine, où des insurgés pro-russes occupent mairies et commissariats dans près d'une dizaine de villes.Lors d'une conversation téléphonique avec le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, M. Tourtchinov a suggéré qu'une «opération a antiterroriste» pourrait être menée conjointement par les forces de sécurité ukrainiennes et des Casques bleus. Ayant constaté que l'autorité de Kiev se réduit comme peau de chagrin à l'Est, le président ukrainien tente de sauver ce qui peut l'être en s'appuyant sur les Occidentaux. C'est précisément ce qui est attendu du vice-président américain, Joe Biden, arrivé hier à Kiev. Il doit notamment rencontrer aujourd'hui le président par intérim Olexandre Tourtchinov et le Premier ministre Arseni Iatseniouk. Deuxième haut responsable américain à se rendre en Ukraine après la visite du secrétaire d'Etat John Kerry le 4 mars, Joe Biden entend marquer le «territoire» des USA.Cette guerre de position intervient moins d'une semaine après la signature, jeudi, d'un compromis entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne, qui avait créé un espoir d'apaisement de la crise la plus grave depuis la guerre froide entre Moscou et les Occidentaux. Mais ce n'était finalement qu'un pis-aller.Moscou continue son travail de «terrain» qui consiste à encourager et inciter les habitants de l'est de l'Ukraine à se rebeller contre Kiev et planter des drapeaux russes aux frontons des édifices publics.Biden sur un terrain (re)conquisUne image revue hier à Simféropol, capitale de la Crimée : des hommes encagoulés ont retiré le drapeau ukrainien qui flottait depuis le 19 avril au Medjlis (Assemblée) à la demande du leader historique des Tatars de Crimée, Moustafa Djemilev plutôt hostile au rattachement à la Russie.Auparavant, le président Vladimir Poutine avait annoncé avoir signé un décret sur la réhabilitation des Tatars, minorité musulmane de Crimée, en tant que peuple réprimé sous Staline. Une man?uvre des Russes pour attirer les Tatars faute de pouvoir les gagner à leur cause expansionniste.A Slaviansk en revanche, Poutine s'est appuyé sur une demande expresse du maire séparatiste autoproclamé, Viatcheslav Ponomarev, d'envoyer des troupes dans le sillage d'une fusillade meurtrière qui a eu lieu dimanche matin. Un appel qui n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd puisque Moscou a reconnu avoir massé des troupes à la frontière. De fait, à Slaviansk, on n'est pas loin du scénario à la Crimée comme prélude à son rattachement.Réagissant aux menaces américano-occidentales de sanctions contre la Russie, le ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, les a balayées d'un revers de la main : «Nous sommes une grande puissance, indépendante et qui sait ce qu'elle veut», ajoutant également qu'«une écrasante majorité de pays ne veulent pas isoler la Russie».En fuite en Russie, le président déchu Viktor Ianoukovitch a appelé hier Kiev à retirer toutes ses troupes de l'Est et à entamer un dialogue avec des leaders locaux. Des leaders qui sont évidemment prêts à embrasser la main de Poutine et mordre celle d'Oleksandre Tourtchinov.Joe Biden aura sûrement du pain sur la planche dans sa mission de sauvetage de ce qui reste de l'Ukraine.




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